LE RÈGNE DU FEU (2002)

Dans un futur dévasté par des nuées de dragons incendiaires, les humains tentent de survivre et d’organiser la riposte

REIGN OF FIRE

 

2002 – USA / GB / IRLANDE

 

Réalisé par Rob Bowman

 

Avec Christian Bale, Matthew McConaughey, Izabella Scorupco, Gerard Butler, Scott Mouter, David Kennedy, Doug Cockle

 

THEMA FUTUR I DRAGONS

Imaginée par Gregg Chabot et Kevin Peterka, l’histoire du Règne du feu tente un mélange des genres particulièrement audacieux, mariant le futurisme primitif d’un Mad Max à des créatures séculaires qu’on croirait échappées du Dragon du lac de feu. Il fallait oser ! Nous sommes à Londres en 2008. Le jeune Quinn accompagne sur un chantier sa mère, qui dirige la construction d’un tunnel pour le nouveau tracé du métro. Au moment où l’une des machines souterraines creuse une excavation, une paroi s’écroule devant un gouffre vertigineux. Un dragon endormi dans les sous-sols s’éveille soudain, embrasant tous ceux qui sont à sa portée dans une immense colonne de feu. Quinn en réchappe par miracle, mais dès lors le sort de l’humanité est scellé. Vingt ans plus tard, les monstres cracheurs de feu ont en effet ravagé une bonne partie de la planète. Devenu adulte, Quinn (Christian Bale) mène un groupe de rescapés dans un abri sécurisé. La petite communauté vit précairement, obéissant à une série de rituels censés assurer le plus longtemps possible leur survie. Jusqu’à l’arrivée de Van Zan (Matthew McConaughey), un militaire américain persuadé que son armée et lui peuvent détruire les dragons.

 

Le film offre deux rôles savoureux à Christian Bale et Matthew McConaughey, le premier en chef taciturne et paternaliste, le second en soldat survitaminé et bodybuildé (le général Patton aurait d’ailleurs servi d’inspiration au comédien pour l’aider à entrer dans la peau de son personnage). Leurs joutes verbales et leurs affrontements, qui ponctuent régulièrement le récit, offrent de délectables moments de tension dramatique. Mais les vraies vedettes du film, on l’aura compris, sont les dragons. Magnifiques, gigantesques, effrayants, ils figurent parmi les plus beaux jamais montrés à l’écran. Et pour cause : ils imitent fidèlement le look du « Vermithrax Pejorative » créé par Phil Tippett vingt ans plus tôt pour Le Dragon du lac de feu, qui reste aujourd’hui encore la référence absolue en la matière. Si ce n’est qu’ici l’image de synthèse a remplacé les figurines animées et les marionnettes, sans que la force évocatrice et la portée mythologique des monstres n’en soient brisées pour autant.

Les monstres des temps perdus

La quête d’une crédibilité quasi-documentaire pousse le réalisateur Rob Bowman et le responsable des effets visuels Richard Hoover à imaginer une manière plausible de faire expectorer du feu aux monstres, via un jet de deux venins distincts (inspirés par ceux du cobra cracheur et du scarabée bombardier) qui se mélangent devant le museau et s’enflamment par réaction chimique. Fort de cette approche « réaliste », Le Règne du feu nous donne droit à d’incroyables séquences d’action mettant en scène les monstrueux reptiles volants, notamment un affrontement en plein vol provoqué par un commando de parachutistes héliportés (les comédiens étant doublés à cette occasion par des membres des forces spéciales SAS). Le film offre par ailleurs des visions dantesques d’un Londres dévasté, dans lequel se déroule un climax hélas un peu bâclé. Cet épilogue en queue de poisson est le seul véritable point faible du film. Mais le charme n’en est pas pour autant rompu. Mixant sans vergogne des créatures issues des croyances populaires médiévales avec un futur post-apocalyptique sans que jamais le mariage de ces deux éléments antithétiques ne paraisse incongru, Le Règne du feu demeure un exercice de style passionnant, réalisé avec beaucoup d’entrain par l’un des metteurs en scène clés de la série X-Files.

 

© Gilles Penso

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