LES AVENTURES D’HERCULE (1985)

Deux ans après son ambitieux Hercule, Luigi Cozzi en réalise une suite au budget considérablement revu à la baisse

LE AVVENTURE DELL’INCREDIBILE ERCOLE / HERCULES 2

1985 – ITALIE

Réalisé par Luigi Cozzi

Avec Lou Ferrigno, Milly Carlucci, Sonia Viviani, William Berger, Carla Ferrigno, Claudio Cassinelli, Ferdinando Poggi, Laura Lenzi

THEMA MYTHOLOGIE

Le premier Hercule de Luigi Cozzi était bourré de maladresses, mais il les rattrapait par son inventivité, ses trouvailles et son charme. Dans cette séquelle inutile ne subsistent que les maladresses. Emballé par le succès du premier film, Cozzi enchaîne sur cet Hercule 2 dans l’urgence, sans scénario, sans même organiser son planning de tournage, en récupérant au passage la partition du premier film composée par Pino Donaggio. Le récit s’achemine donc de manière chaotique autour des dieux de l’Olympe qui se révoltent contre Zeus en lui volant le tonnerre, secret de son pouvoir. Le roi des dieux est alors obligé de rappeler Hercule pour l’envoyer exterminer les créatures maléfiques dans lesquelles les éclairs ont été cachés. Les rebelles ressuscitent le roi Minos afin qu’il les protège, et tout s’achève dans un pugilat général. Dans ce scénario qui ne doit plus grand-chose à la mythologie grecque, Lou Ferrigno continue à grimacer en se prenant pour Steve Reeves. Les idées visuelles qui ornaient le film précédent ne sont ici plus que des imitations serviles puisés un peu partout.

Ainsi, Jean-Manuel Costa, promu responsable des effets visuels après le départ brutal d’Armando Valcauda, se débrouille-t-il avec des arrière-plans laissés sans indication par son prédécesseur et refait presque plan par plan l’affrontement de Persée contre Méduse dans Le Choc des Titans, si ce n’est que la créature n’a pas le corps d’un serpent mais celui d’un scorpion, allusion à ceux du dernier film de Harryhausen. « Je me suis retrouvé avec des images d’acteurs face à des monstres qui n’existaient pas encore », nous raconte Costa. « Comme je ne savais pas exactement ce que Valcauda avait en tête avant de démissionner, j’ai dû imaginer moi-même les monstres en question. Finalement, le montage n’en a gardé qu’un seul : une espèce de gorgone au corps de scorpion qui s’inspirait du Choc des Titans. » (1) Si elle bénéficie d’un éclairage contrasté plutôt soigné et d’une animation assez fluide, cette Gorgone au torse exagérément filiforme n’est pas intégrée avec beaucoup de conviction dans les prises de vues réelles où gesticule Lou Ferrigno, les bords de l’écran miniature où elle est projetée étant parfois parfaitement visibles !

Hercule se transforme en King Kong !

L’absence de moyens et les faibles effets spéciaux de cet Hercule 2 sont maladroitement camouflés par un abus d’effets lumineux réalisés en rotoscopie, le frère de Jean-Manuel. Ainsi s’anime dès le début du film un monstre électrique directement repris à Planète Interdite. Mais le summum est tout de même atteint au cours du dénouement, où le combat entre Hercule et Minos est une reconstitution, en dessin animé, de la lutte de King Kong contre l’allosaure et le serpent marin dans le chef d’œuvre de 1933, rotoscopés image par image à partir du film original. La raison de ce final aberrant : les comédiens ont quitté le plateau avant la fin du tournage ! S’il faisait encore illusion lorsqu’il imitait La Guerre des EtoilesAlien et les films de Harryhausen dans Star CrashContamination et Hercule, Cozzi pousse ici le bouchon un peu loin et se noie dans la médiocrité.

 

© Gilles Penso

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