CABIN FEVER (2002)

Pour son premier long-métrage, Eli Roth ne prend pas beaucoup de risque en se laissant volontiers inspirer par Evil Dead

CABIN FEVER

2002 – USA

Réalisé par Eli Roth

Avec Rider Strong, Jordan Ladd, James DeBello, Cerina Vincent, Joey Kern, Giuseppe Andrews, Arie Verveen 

THEMA MUTATIONS

Premier long-métrage d’Eli Roth, Cabin Fever marche ouvertement sur les traces d’Evil Dead, dont il photocopie quasiment les prémisses, tout en clignant de l’œil sans vergogne du côté de Délivrance et de Massacre à la Tronçonneuse. L’initiative serait réjouissante si l’hommage était justifié par une relecture, une modernisation ou une remise en perspective des films imités, comme le fit notamment Scream avec La Nuit des Masques. Hélas, Cabin Fever se contente de plagier ses prestigieux prédécesseurs sans autre ambition apparente. Suivant scrupuleusement la voie tracée par Sam Raimi vingt ans plus tôt, cinq amis prennent donc la route pour passer le week-end dans une vieille cabane au fond des bois, quelque part en Caroline du Nord. Au beau milieu de la nuit, les joyeux drilles sont assaillis par un homme en bien piteux état, purulent, hystérique et vomissant des jets de sang. 

Paniqués, ils le chassent avec leur fusil, et le pauvre bougre part mourir quelques kilomètres plus loin, au beau milieu d’un lac voisin. Infecté par un virus redoutable dont nous ne connaitrons jamais l’origine, l’homme va peu à peu contaminer les réserves d’eau du secteur. Et sitôt que nos cinq héros auront bu l’eau qui coule dans les robinets de la cabane, ils seront infectés à leur tour. La paranoïa et l’inquiétude gagnent progressivement le petit groupe, tandis que les premiers symptômes apparaissent chez l’un d’entre eux : plaies ensanglantées, teint blafard et quasi-zombification. Comme si cette affolante mutation ne suffisait pas, nos infortunés citadins se heurtent également à des autochtones guère engageants, tout droit hérités de John Boorman et Tobe Hooper, ainsi qu’à un chien enragé venant régulièrement les harceler…

Déjà-vu et pseudo-étrangeté

Tout semble donc en place pour un shocker efficace et sanglant. Hélas, non seulement les péripéties fleurent exagérément le déjà-vu, annihilant du coup l’effet de surprise, mais en plus les cinq héros dégagent une profonde antipathie qui confine souvent à la crétinerie. Leurs dialogues sont stupides, leurs réactions improbables, leur comportement absurde, tant et si bien que leur destin, si atroce soit-il, ne nous émeut guère. Quant aux personnages secondaires, ils n’ont d’autre vocation que saupoudrer le film d’une pseudo étrangeté qui frôle souvent le grotesque. Notamment le policier qui organise des orgies, le campeur qui dort dans une grotte, et surtout le petit garçon sauvage qui mord tout ce qui passe à sa portée sans rechigner à nous faire une petite démonstration de kung-fu au ralenti, le temps d’une séquence d’une ahurissante gratuité. Restent les maquillages spéciaux de KNB, particulièrement gratinés, notamment lorsqu’il s’agit de visualiser une malheureuse jeune fille en pleine mutation, son visage partiellement rongé arborant une hideuse mâchoire squelettique. Poursuivant le mimétisme jusqu’au bout, Cabin Fever s’achève sur un épilogue grinçant directement repris à celui de La Nuit des Morts-Vivants, et qui ne surprendra donc que ceux qui ne sont pas familiers avec le chef d’œuvre de George Romero. Bref, le film d’Eli Roth fait un peu l’effet d’un pétard mouillé, ce qui ne l’empêcha pas d’avoir un certain impact auprès des fans de films d’horreur.

 

© Gilles Penso

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