MAGGIE (2015)

Arnold Schwarzenegger campe le père d'une adolescente infectée par un virus qui s'apprête à la muer en zombie

MAGGIE

2015 – USA

Réalisé par Henry Hobson

Avec Arnold Schwarzenegger, Abigail Breslin, Joely Richardson, Mattie Liptak, Laura Cayouette 

THEMA ZOMBIES

Dans une Amérique post-apocalyptique, un terrible virus infecte et tue la population. Les malades se retrouvent mis en quarantaine, dans l’attente d’une transformation (et d’un décès) atroce. Wade (Arnold Schwarzenegger dans un rôle prévu au départ pour Paddy Considine) apprend que sa fille adolescente, Maggie (Abigail Breslin qui remplace au pied levé Chloë Grace Moretz), est contaminée. Il décide de s’isoler à la campagne avec elle pour accompagner dignement ses derniers jours… Disons-le sans ambages, cette chronique d’une mort annoncée est un ratage quasi-total. L’intention était pourtant très louable et même excitante sur le papier : la première véritable composition dramatique de Schwarzenegger (si l’on excepte son personnage alcoolique de La fin des temps de Peter Hyams). A 68 ans bientôt, le chêne autrichien affiche une belle stature d’homme qui a vécu. La barbe fournie, les yeux fatigués, l’allure de monsieur-tout-le-monde, l’acteur se veut anti-iconique au possible. Malheureusement, il ne suffit pas d’adopter une mine déconfite ou d’écraser une larme pour émouvoir. Les limites de jeu du Governator sont ici palpables, mais il n’est pas seul en cause, loin de là.

Le souci majeur réside dans la mise en scène appliquée d’Henry Hobson, auparavant responsable de l’incrustation des titres dans les génériques des Sherlock Holmes de Guy Ritchie ou du jeu vidéo The Last of Us (dont l’influence se fait ici sentir). Le novice confond émotion et afféterie, récitant avec redondance le manuel du petit film indépendant illustré, avec force jump-cuts, décadrages et autres caméras portées et tremblotantes. L’univers visuel est à l’avenant, pillant sans personnalité aucune La Route ou The Walking Dead. Les protagonistes sont taillés à la serpe et mal dégrossis, ne parvenant pas à exister (la belle-mère incarnée par Joely Richardson est celle qui souffre le plus de cette non-caractérisation), et certaines sous-intrigues ne servent carrément à rien (le sort tragique de la famille de voisins).

Le manuel du petit film indépendant illustré

La seule à tirer son épingle du jeu demeure la toujours juste Abigail Breslin (on la préférera dans le très bon Haunter de Vincenzo Natali), qui arrive au détour de certaines scènes à toucher au cœur, notamment lors de son rendez-vous amoureux avec un autre infecté. Sa complicité avec son père n’est tristement effleurée que deux fois, un sourire échangé suffisant à insuffler un peu de vie à l’ensemble. L’atmosphère neurasthénique confine à l’ennui total, et l’issue fatale étant certaine dès le départ, le suspense est inexistant. Sur un sujet similaire, mieux vaut revoir le traumatisant Moi, zombie, chronique de la douleur de l’anglais Andrew Parkinson, autrement plus fort et abouti. Le pauvre Arnold manque donc encore une fois son retour en grâce malgré ses efforts d’humilité, et ne sera jamais meilleur que lorsqu’il est bien dirigé – McTiernan, Cameron ou Verhoeven auront tiré ses meilleures performances.

 

 © Julien Cassarino