LES MILLE ET UNE NUITS (1961)

Un casting surprenant s'anime dans cette version caricaturale des aventures d'Aladin et de sa lampe magique

LA MERAVIGLIE DI ALADINO

1961 – ITALIE / FRANCE / BELGIQUE

Réalisé par Mario Bava et Henry Levin

Avec Donald O’Connor, Vittorio de Sica, Mario Girotti, Noelle Adam, Aldo Fabrizzi, Michèle Mercier, Milton Reid, Terence Hill

THEMA MILLE ET UNE NUITS

Dans cette version caricaturale des aventures d’Aladin et la lampe magique, Donald O’Connor incarne sans finesse un garçon turbulent qui vit avec sa mère, chapardant ce qui passe à sa portée avec bonhomie et bonne humeur. Pour éviter qu’il ne se blesse le soir lors de ses nombreuses escapades sur les toits de la ville, sa mère lui offre un jour une petite lampe qu’elle déniche chez un vendeur du marché. Elle ignore évidemment que cet accessoire bon marché renferme un génie extrêmement puissant. Celui-ci surgit par hasard, alors qu’Aladin est dans le pétrin, et lui permet d’échapper à ses assaillants en pleine rue, se ralliant la cause du massif Omar qui devient dès lors son serviteur. Rêvant d’assister au mariage princier qui va se tenir à Basora, Aladin ne se doute pas qu’il s’apprête à déjouer une tentative d’assassinat fomentée par le sinistre vizir (Fausto Tozzi)… 

L’un des attraits de ces Mille et Une Nuits est son casting surprenant, au détour duquel Michèle Mercier incarne la princesse, Terence Hill le prince, Raymond Bussières le magicien du vizir, Vittorio de Sica le génie et Milton Reid l’impressionnant Omar. Mais cette curieuse distribution internationale ne suffit pas à sauver complètement les meubles (surtout pour les férus de contes arabes qui on eu la joie, trois ans plus tôt, de découvrir Le 7ème Voyage de Sinbad). Il est bien difficile de reconnaître la patte du réalisateur Mario Bava (qui co-signe le film avec Henry Levin) dans cette pantalonnade en pantalons bouffants. Donald O’Connor gesticule maladroitement, les gags semblent conçus pour un tout jeune public et le fantastique, discret, se cantonne aux apparitions du génie en surimpression et à quelques-uns de ses prodiges : la transformation d’Aladin en géant pour faire fuir ses ennemis, la disparition subite du héros hors de la chambre à coucher de la reine des Amazones et son échappée finale avec la belle Djalma (Noëlle Adam) sur un tapis volant approximativement incrusté dans les cieux. 

Les effets de style de Mario Bava

La séquence des Amazones paie d’ailleurs visiblement son tribut au péplum, très influent en Italie au début des années 60. Car ces « guerrières » improbables en jupette semblent s’être échappées de la mythologie grecque revue et corrigée façon Cinecitta. Le réalisateur du Masque du Démon semble tout de même pouvoir faire émerger son style personnel au gré de quelques séquences sises dans le palais du vizir. Là, d’inquiétants mannequins humains plus ou moins achevés ornent le laboratoire d’un magicien et le méchant lui-même s’apprête à torturer avec de l’acide sa captive suspendue à moitié nue dans un antre souterrain qui évoque plusieurs perles du cinéma d’horreur italien des années 60. Quelques moments d’horreur furtifs émaillent d’ailleurs bizarrement ce métrage par ailleurs très inoffensif, notamment lorsqu’un sbire maladroit est jeté à des lions qui le déchiquètent sauvagement. L’érotisme aussi se permet quelques percées suggestives, lorsque la nudité de Djalma devient furtivement intégrale. La même année, la société de production Lux continua dans la voie du conte des mille et une nuits « péplumisé » avec un sympathique Voleur de Bagdad mettant en vedette Steve Reeves.

 

© Gilles Penso

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