CREATURE (1985)

Une imitation à petit budget d'Alien qui semble étrangement annoncer les choix artistiques du Aliens de James Cameron

CREATURE / TITAN FIND

1985 – USA

Réalisé par William Malone

Avec Stan Iwar, Wendy Schaal, Marie Laudin, Klaus Kinski, Robert Jaffe, Kyman Ward, Diane Salinger, Annette McCarthy

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Créature est l’une des nombreuses imitations à petit budget qu’Alien traîna dans son sillage, mais ici un détail s’avère surprenant. S’il paie de toute évidence son tribut au classique de Ridley Scott, sa direction artistique, sa photographie et plusieurs de ses situations semblent annoncer Aliens le retour. D’ailleurs, une partie de l’équipe technique de Créature travaillera l’année suivante sur le film de James Cameron. Situé au carrefour des influences des deux premiers opus de la saga Alien, le film de William Malone possède donc un statut un peu particulier. Au cours du prologue, deux astronautes géologues étudient des squelettes découverts dans des sarcophages sur Titan, satellite naturel de la planète Jupiter. Or l’un de ces squelettes semble encore vivant et les attaque. Le survivant s’enfuit en vaisseau spatial et s’écrase sur la station Concorde en orbite. Une nouvelle expédition est alors envoyée pour découvrir ce qui s’est passé sur Titan, la situation étant compliquée par la rivalité industrielle qui oppose les deux compagnies d’exploration spatiale.

Sur le satellite, dans un environnement bleu et sombre très cameronien, la mission de sauvetage trouve un vieux laboratoire, des fossiles qui semblent dater de 200 000 ans, des cadavres ensanglantés et une créature qui se met à leur courir après. Les moyens du film étant visiblement très limités, tout porte à croire que l’équipe du film n’a construit qu’un ou deux décors plongés dans le noir que les acteurs ne cessent de traverser pendant tout le film pour nous laisser imaginer un environnement plus vaste. Et puis voilà que débarque de nulle part Klaus Kinski, dans le rôle d’un astronaute venu d’une expédition allemande concurrente, qui se joint à l’équipage après avoir presque violé l’une des filles. Mystérieux, il affirme que ce lieu est « une collection de vies provenant de toute la galaxie, comme une collection de papillons. Mais certains de ces papillons ne sont pas bienveillants. » Il poursuit : « Nous avons commis la terrible erreur d’emmener à bord un des conteneurs fendus qui contenait un spécimen. » Et de conclure sinistrement : « Un par un, mes hommes sont morts, tués par une créature qui les avait attendus pendant 2000 siècles. »

« Mes hommes sont morts, tués par une créature qui les avait attendus pendant 2000 siècles… »

Même si cet homme étrange prétend pouvoir les aider à quitter Titan sains et saufs, la situation n’est guère rassurante. D’autant qu’une petite créature visqueuse rôde dans les parages, se plaçant à l’arrière du crâne des astronautes, pompant leur sang et leur dictant leurs agissements pour les pousser à s’entretuer. Le métrage intègre une pincée d’érotisme (le strip-tease intégral de Marie Laurin) et surtout une bonne dose d’horreur graphique : le sang coule généreusement, un visage est déchiré à main nue, une tête explose, un visage fond… Créature bénéficie d’effets visuels assez soignés, de belles maquettes filmées par Robert et Dennis Skotak, de créatures effrayantes signées Doug Beswick et d’une bande originale de Thomas Chase et Steve Rucker évoquant avec une certaine efficacité les travaux de Jerry Goldsmith. Le film se pare aussi de séquences de suspense plutôt efficaces, même si le casting fadasse et les dialogues pétris de clichés jouent quelque peu en sa défaveur.

 

© Gilles Penso

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