CONTRETEMPS (1991)

Cinq réalisateurs se passent le relais pour raconter les conséquences d'un rajeunissement imprévu d'après un récit de Stephen King

GOLDEN YEARS

1991 – USA

Réalisé par llan Coulter, Ken Fink, Mitchell Galin, Stephen Tolkin et Michael Gornick

Avec Keith Szarabajka, Frances Sternhagen, Felicity Huffmann, Bill Raymond, R.D. Call, Ed Lauter

THEMA MUTATIONS I SAGA STEPHEN KING

Producteur de Creepshow et Simetierre, Arthur P. Rubinstein lance au début des années 90 la mini-série TV Contretemps, créée à l’initiative de Stephen King qui en écrit le scénario. A travers ce projet, l’écrivain souhaite rendre hommage à certaines séries de son enfance, notamment Le Fugitif, tout en s’engouffrant dans la brèche ouverte par Twin Peaks, un programme ayant définitivement révolutionné et modernisé le paysage télévisé américain. La réalisation des sept épisodes est confiée à Allan Coulter, Ken Fink, Mitchell Galin, Stephen Tolkin et Michael Gornick. Sous un maquillage vieillissant conçu par Carl Fullerton et Neal Martz (conseillés par le grand Dick Smith), Keith Szarabajka interprète Harlan Williams, 70 ans, employé à l’entretien dans le laboratoire d’expérimentations agricoles Falco Plains. Alors qu’on s’apprête à le licencier à cause de sa vue jugée déficiente, le test d’un accélérateur de particules dirigé par le docteur Richard Toddhunter (Bill Raymond) tourne mal et provoque une explosion qui aurait dû être fatale à Harlan. 

Or ce bon vieil Harlan survit miraculeusement, son corps étant imprégné d’une poussière verte phosphorescente. Bientôt, il se met à rajeunir progressivement, à la stupéfaction de sa femme Gina (Frances Sternhagen). Ce prodige est en lien direct avec l’expérience de Toddhunter, qui cherchait à régénérer les tissus vivants. Au fil des épisodes, Harlan ne se contente plus de rajeunir mais semble pouvoir provoquer des phénomènes surnaturels (lever de soleil accéléré, tremblements de terre) tout en laissant jaillir de ses yeux une mystérieuse lueur verte. Une autre œuvre de Stephen King nous vient alors à l’esprit : “Charlie“, dont Contretemps reprend de nombreuses thématiques. La filiation avec Le Fugitif s’installe lorsqu’intervient le tueur Jude Andrews (R.D. Call), engagé pour éliminer les témoins géants (chacune de ses apparitions est rythmée par une guitare blues qui rappelle fortement celle d’Eric Clapton dans L’Arme Fatale). 

Sous l'influence du Fugitif

Le chef de la sécurité du laboratoire Terry Spawn (Felicity Huffmann), pour sa part, semble annoncer par son look et son attitude la Dana Scully de X-Files. Craignant pour la vie d’Harlan et de son épouse, la jeune femme organise bientôt leur fuite avec l’aval officieux du général Crewes (Ed Lauter). Les motivations et le revirement rapide du personnage sont à vrai dire un peu incompréhensibles, dans la mesure où Terry nous est initialement présentée comme une arriviste sans trop d’état d’âme. Ce n’est pas la moindre des facilités d’un scénario un peu maladroit prouvant une fois de plus que la science-fiction n’est pas l’exercice de prédilection de King, malgré ses indiscutables affinités avec le genre. Un peu lent, un peu trop dialogué, Contretemps peine à séduire les téléspectateurs et s’interrompt finalement au bout de sa courte première saison au lieu de se muer en feuilleton fleuve comme King l’aurait souhaité. On note que l’écrivain joue brièvement le rôle d’un chauffeur de bus et que le titre original de la série, Golden Years, vient d’une chanson de David Bowie qu’on entend dans le générique de chaque épisode.

 

© Gilles Penso

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