THE MANGLER : LA PRESSEUSE DIABOLIQUE (1994)

Tobe Hooper s'empare d'une nouvelle de Stephen King pour décrire les méfaits d'une machine aux appétits voraces

THE MANGLER

1994 – USA

Réalisé par Tobe Hooper

Avec Robert Englund, Ted Levine, Daniel Matmor, Jeremy Crutchley, Vanessa Pike

THEMA OBJETS VIVANTS SAGA STEPHEN KING

Seize ans après Les Vampires de SalemTobe Hooper retrouve l’univers de Stephen King à l’occasion de The Mangler, d’après la nouvelle « La Presseuse » publiée en 1978 dans le recueil « Danse Macabre ». Ce texte court mais redoutablement efficace est inspiré à l’écrivain par un fait réel. Alors jeune père, il arrondissait ses fins de mois en travaillant d’arrache-pied dans une blanchisserie surchauffée et y rencontra un homme à tout faire qui perdit ses deux bras après une chute dans l’essoreuse. Son imagination ne met pas longtemps à en tirer une histoire d’horreur. Sous sa plume, l’essoreuse se transforme en monstre : « La machine semblait bel et bien vivante – une machine respirant à grandes goulées brûlantes puis émettant pour elle-même des chuchotements sardoniques et sifflants. » Avec le réalisateur de Massacre à la tronçonneuse derrière la caméra et la star des Griffes de la nuit en tête d’affiche, l’adaptation cinématographique de ce texte court et incisif part avec de nombreux atouts en poche. Tobe Hooper donne ainsi corps à cette nouvelle en plantant ses caméras en Afrique du Sud et en s’appuyant sur un scénario qu’il co-écrit avec Stephen David Brooks (Spiders) et Harry Alan Towers (Le Masque de Fu Manchu).

A la suite d’un accident de travail sanglant, John Hunton (Ted Levine), un inspecteur de police surmené, décide de s’intéresser de près à la vie mystérieuse de Bill Gartley (Robert Englund), le propriétaire de la blanchisserie lugubre où a eu lieu le sinistre. Il y découvre toute une série d’événements préoccupants qui l’amènent à s’intéresser de près à « La Mangeuse », une machine dont la fonction est de repasser et de plier le linge, mais qui est visiblement possédée par une force maléfique. Ne reculant devant aucun excès, Hooper s’adonne sans retenue à l’horreur graphique et malsaine. Les malheureuses victimes de l’impressionnante « Mangeuse » y sont écrasées avec force détails – et bruitages croustillants ! 

Robert Englund plus lugubre que jamais

Robert Englund, maquillé par David Miller (qui avait créé le premier visage de Freddy Krueger dans Les Griffes de la Nuit), s’avère assez dérangeant en patron mutilé et pervers de cette laverie sanglante. Il finira littéralement plié en quatre comme un drap par la machine hantée, dans une scène qui atteint les sommets du gore. Ted Levine, psychopathe du Silence des Agneaux, traîne quant à lui une silhouette massive et fatiguée à la Eddie Constantine dans le rôle du héros policier. La scène spectaculaire de l’esprit maléfique s’échappant d’une glacière nous rappelle que Hooper fut aussi le réalisateur de Poltergeist. Le cinéaste réussit d’ailleurs à doter sa machine d’une personnalité et d’une présence très marquantes, suscitant un climat de sourde inquiétude à chacune de ses apparitions. Au cours du caricatural exorcisme final, à grand coup d’incantations, d’hosties et de jets d’eau bénite, la « Mangeuse » se transforme littéralement en monstre, via quelques images de synthèse s’efforçant de coller au texte de King décrivant « une masse qui le contemplait de ses deux énormes yeux électriques, ouvrant grande sa gueule où palpitait une langue de toile ». Un peu confus, ce climax est révélateur du problème majeur du film, dont les séquences d’horreur efficaces ne masquent guère la vacuité de son scénario. Les multiples réécritures de ce script un peu anémique d’Harry Alan Towers, y compris pendant le tournage, expliquent sans doute cette sensation de vide. The Mangler reste donc très secondaire sur les parcours croisés de Stephen King et Tobe Hooper.

© Gilles Penso

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