TEMPÊTE DU SIÈCLE (LA) (1999)

Une mini-série qui transforme Colm Feore en entité démoniaque toute-puissante issue d'un récit de Stephen King

STORM OF THE CENTURY

1999 – USA

Réalisé par Craig R. Baxley

Avec Timothy Daly, Colm Feore, Debrah Farentino, Casey Siemaszko, Jeffrey DeMunn, Dyllan Christopher

THEMA DIABLES ET DEMONS I SAGA STEPHEN KING

La Tempête du Siècle est tiré d’un scénario original de 300 pages que Stephen King écrit dans le but d’en tirer un long téléfilm de trois heures. La chaine ABC, qui se souvient encore du succès de la mini-série Shining, accepte aussitôt de financer à hauteur de 33 millions de dollars un téléfilm en deux parties. Le réalisateur Mick Garris étant indisponible, King pense à Craig R. Baxley, dont le thriller Code Traque l’a fort impressionné. La Tempête du Siècle commence lorsqu’une tempête de neige s’apprête à frapper Little Tall Island, la petite île du Maine qui servait déjà de décor à Dolores Claiborne

Le mal prend ici la forme de l’énigmatique André Linoge (Colm Feore, héros de La vie des autres), qui débarque un jour dans la petite bourgade insulaire. Il tient une canne avec un pommeau en forme de tête de loup en argent, qui semble animée d’une vie propre. Doté de pouvoirs surnaturels, il semble en savoir beaucoup sur les habitants de Little Tall Island, surtout leurs secrets les plus honteux. Après avoir assassiné sans scrupule une vieille dame chez elle, il est emprisonné par le shérif Mike Anderson (Timothy Daly). L’opposition entre le policier qui essaie de garder la tête froide et ce tueur glacial et mystérieux fait tout le sel de la mini-série, tandis qu’au dehors le chaos climatique règne, isolant la petite communauté insulaire. Furtivement, les yeux de Linoge deviennent rouges et ses dents acérées, dévoilant sa nature diabolique. Son nom est d’ailleurs l’anagramme de Légion. Mais son visage au naturel, calme et impassible, suffit à provoquer l’effroi. D’autant qu’il révèle une capacité à manipuler l’esprit d’autrui, poussant les gens au suicide. L’une de ses victimes « à distance » se pend, une autre se plante une hache dans la tête, une vieille dame se noie dans un lavabo, une jeune fille s’empare de sa canne et tue son petit ami… 

« Donnez-moi ce que je veux et je m'en irai… »

Alors que la panique gagne la petite communauté, le captif leur adresse un message sibyllin : « Donnez-moi ce que je veux et je m’en irai. » Il finit par s’évader sans que ses intentions soient claires, et aussitôt les deux cents habitants de l’île font le même rêve : ils ont tous disparu corps et bien, poussés à se précipiter depuis la jetée dans la mer déchainée, comme les rats du joueur de flûte d’Hamelin. C’est le moment que choisit Linoge pour les réunir et leur annoncer enfin sa requête. « J’ai vécu longtemps, des milliers d’années. Mais je ne suis pas un dieu, pas plus que je suis immortel. » dit-il. « Je veux quelqu’un à qui je puisse transmettre tout le savoir que j’ai acquis, quelqu’un qui poursuivra mon œuvre lorsque je serai dans l’incapacité de le faire moi-même. Je veux un enfant ! » Le dilemme qui suit cette déclaration auprès des habitants de l’île (doivent-il sacrifier un de leurs enfants ou tous mourir ?) crée une séquence de tension terrible, au cours de laquelle le shérif se retrouve seul contre tous. Il semble alors impossible de savoir comment la situation va pouvoir se dénouer. Avec son scénario palpitant, ses comédiens solides et sa mise en scène tirée au cordeau, La Tempête du Siècle est sans conteste l’un des meilleurs téléfilms jamais consacrés à l’univers de Stephen King. Son réalisateur Craig R. Baxley sera dès lors régulièrement sollicité par l’écrivain pour porter ses écrits sur le petit écran.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article