LA MOMIE (2017)

Tom Cruise tient la vedette dans cette énième relecture du mythe de la momie qui tente d'initier une nouvelle franchise

THE MUMMY

2017 – USA

Réalisé par Alex Kurtzman

Avec Tom Cruise, Sofia Boutella, Courtney B. Vance, Marwan Kenzari, Russel Crowe, Annabelle Wallis, Jake Johnson

THEMA MOMIES

Le succès inespéré du studio Marvel devait forcément faire des émules. Face à la profusion de films de super-héros inspirés des comics de Stan Lee, les dirigeants du studio Universal décidèrent d’adopter un principe similaire. Après tout, les « Universal Monsters » des années 30 et 40 ne furent-ils pas les pionniers dans l’exercice du crossover et du spin-off ? A cette époque, Dracula, le Monstre de Frankenstein, le Loup-Garou et la Momie s’entrecroisaient régulièrement et partageaient souvent la même affiche. Pourquoi ne pas reproduire ce procédé dans un univers contemporain ? L’idée pouvait se défendre, et Dracula Untold, réalisé en 2014 par Gary Shore, aurait dû inaugurer ce cycle. Mais c’est un faux départ, dans la mesure où le film n’attire pas les foules. Universal tente sa chance une seconde fois avec La Momie, espérant enfin lancer son « Dark Universe ». Malgré ce que laissait imaginer la bande-annonce du film, cette Momie a le mérite de s’éloigner de la version de Stephen Sommers pour tenter d’établir son propre style, du moins dans un premier temps. Mais l’humour poussif, les dialogues idiots et l’absence généralisée de finesse jouent d’emblée en sa défaveur. Tom Cruise y incarne un mercenaire spécialisé dans la chasse aux trésors, un voyou sympathique auquel on ne croit pas beaucoup tant l’archétype l’emporte sur la crédibilité. On se perd d’ailleurs en conjectures sur le choix qui l’a poussé à jouer dans ce film, dans la mesure où Cruise sélectionne habituellement avec beaucoup de minutie chacun de ses rôles. Sans doute espérait-il participer activement à une franchise promise à un grand succès. 

 

Il faut reconnaître que la première heure du métrage enchaîne quelques scènes réussies, notamment l’impressionnante résurrection de la momie. On y sent d’ailleurs l’influence du cinéma d’horreur des années 80. Comment ne pas penser au Loup-Garou de Londres lorsque Tom Cruise est régulièrement hanté par les visites de son ami mort, ou à Lifeforce quand la momie aspire la vie de ses victimes pour les muer en morts-vivants exsangues ? Certes, c’est du gore propre et sans éclaboussures, mais qui s’adonne tout de même à certains excès. Les corps y sont coupés en deux, les têtes tranchées ou écrasées. Mais bien vite, le studio impose de nombreux éléments conçus pour intégrer ce film dans une saga, et La Momie se transforme dès lors en une sorte de pilote maladroit d’une future série enchaînant artificiellement les effets d’annonce. 

Une maladroite imitation du Marvel Cinematic Universe

Sans aucune conviction, Russell Crowe incarne donc le docteur Henry Jekyll, à la tête du centre de recherches ultra-secret Prodigium qui a pour mission d’étudier les monstres et d’annihiler les plus dangereux. Pour flatter les fans et leur donner envie de voir la suite, quelques indices annoncent les futurs films de la saga : un crâne de vampire par ci, une patte de l’étrange créature du lac noir par là… Poussif, embarrassant, La Momie perd alors tout attrait et tombe dans le piège jusqu’alors évité : l’imitation du film homonyme de 1999. Tout y est, de la tempête de sable anthropomorphe à l’armée de momies se dressant contre le héros, jusqu’à un climax absurde qui s’ouvre vers une séquelle que tout le monde attendra avec beaucoup de patience.

 

© Gilles Penso

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