LIFEFORCE (1985)

Tobe Hooper met en scène des vampires de l’espace qui absorbent l’énergie vitale des terriens et sèment un chaos indescriptible sur notre planète…

LIFEFORCE

 

1985 – GB

 

Réalisé par Tobe Hooper

 

Avec Steve Railsback, Peter Firth, Frank Finlay, Mathilda May, Patrick Stewart, Michael Gothard, Nicholas Ball, Aubrey Morris

 

THEMA VAMPIRES I EXTRA-TERRESTRES

Après ses expériences avec le studio Universal à l’occasion de Massacres dans le train fantôme et Poltergeist, Tobe Hooper se rapproche de Menahem Golan et Yoram Globus, les patrons de la Cannon, avec qui il signe un contrat pour trois films successifs. Ce package comprend Massacre à la tronçonneuse 2, L’Invasion vient de Mars, et Lifeforce, qui sera le premier des trois. Le projet s’appelle d’abord Space Vampire, titre du roman de Colin Wilson dont il s’inspire. Le sujet mixant l’horreur et la science-fiction, Golan et Globus sollicitent le scénariste Dan O’Bannon, qui sut parfaitement équilibrer ces deux genres avec Alien. O’Bannon rédige le script avec Don Jakoby (Tonnerre de feu) et les producteurs, flairant là un gros succès potentiel, allouent au film un budget confortable de 25 millions de dollars. Pour éviter une connotation trop « série B », Golan et Globus décident finalement de rejeter le titre Space Vampires (qui n’est pas sans évoquer La Planète des vampires de Mario Bava) au profit d’un plus sobre et énigmatique Lifeforce. Si le roman de Wilson demeure l’inspiration principale du film, le sujet évoque aussi beaucoup le roman « Invasion Galactique » d’A.E. Van Vogt, où des extra-terrestres avides de sang débarquaient sur Terre, mais aussi Les Monstres de l’espace de Roy Ward Baker, avec lequel il présente de nombreux points communs.

Une musique épique de Henry Mancini, digne du Basil Poledouris de Conan le barbare, se déchaîne dès le générique. Les cuivres du London Symphony Orchestra tonnent et nous transportent ainsi au fin fond de l’espace. Là, l’équipage anglo-américain de la navette Churchill découvre dans le sillage de la comète de Halley un immense objet spatial de 250 mètres de long. Cet engin aux formes organiques, dont l’intérieur évoque une gigantesque artère, abrite les corps desséchés de milliers de chauves-souris géantes en suspension. Stupéfaits, les astronautes découvrent aussi des sarcophages transparents contenant le corps de trois humanoïdes en sommeil. Poussés par la curiosité, ils décident de les ramener sur Terre pour les étudier. C’est bien sûr une très mauvaise idée. Car une fois qu’ils gagnent notre planète, les aliens reprennent vie et révèlent leur nature de redoutables vampires. Si ce n’est qu’au lieu de sucer le sang, ils aspirent l’énergie vitale de leurs victimes (d’où le titre du film). Pour traquer ces monstres, Scotland Yard mène l’enquête, tandis que le chaos se répand comme une traînée de poudre dans les rues de Londres.

Debout les morts !

La première partie de Lifeforce nous offre une série de séquences folles qu’on croirait échappées de Re-Animator, notamment ces corps desséchés qui se relèvent des tables d’autopsie pour attaquer les vivants. Un autre film nous vient alors à l’esprit : Le Retour des morts-vivants. Ce n’est sans doute pas un hasard dans la mesure où son réalisateur Dan O’Bannon est justement le co-scénariste de Lifeforce. Les deux films mettent d’ailleurs en scène quasiment la même créature : une morte au corps fripé qui revient à la vie. Tous ces « morts-vivants » rachitiques qui s’agitent en hurlant sont le fruit d’un remarquable travail animatronique supervisé par le maquilleur spécial Nick Maley (Krull, La Forteresse noire). Parmi les autres moments délirants du film, il faut aussi citer les hectolitres d’hémoglobine qui surgissent des visages de Patrick Stewart et Aubrey Morris pour reconstituer un corps féminin ensanglanté, ou encore le surgissement d’une impressionnante chauve-souris géante. Lifeforce est aussi – et surtout ? – célèbre pour les nombreuses scènes de nudité intégrale d’une Mathilda May alors totalement inconnue du public. À peine âgée de vingt ans et pas pudique pour un sou, la jeune comédienne mit en émois bien des adolescents avant de « rentrer dans le rang » en se concentrant sur un cinéma plus « respectable » (Le Cri du hibou de Claude Chabrol, Trois places pour le 26 de Jacques Demy, Là-bas… mon pays d’Alexandre Arcady). Après une première heure très efficace, le soufflé retombe un peu. Le scénario cherche alors à rationaliser et à tout expliquer aux spectateurs (Le passage d’un corps à l’autre, la lecture dans la pensée, les corps des vampires modelés sur le désir des humains), quitte à solliciter une sorte d’émule de Van Helsing en la personne du docteur Fallada (Frank Finlay). Résultat : le récit perd de sa nervosité pour aligner des péripéties peu crédibles et s’achève de manière un peu chaotique. Tobe Hooper aura le regret de voir son montage expurgé de presqu’une demi-heure pour la distribution américaine du film, une partie de la bande originale d’Henry Mancini étant remplacée à l’occasion par une musique additionnelle de Michael Kamen.

 

© Gilles Penso

 

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