PLANÈTE HURLANTE (1996)

Dans cette adaptation peu connue d'une nouvelle de Philip K. Dick, Peter Weller affronte des robots dangereusement évolutifs

SCREAMERS

1996 – CANADA

Réalisé par Christian Duguay

Avec Peter Weller, Andrew Lauer, Jennifer Rubin, Roy Dupuis, Charles Edwyn Powell, Ron White

THEMA FUTUR I ROBOTS

Depuis le début des années 1980, l’œuvre du romancier américain Philip K.Dick est un terreau fertile pour les réalisateurs. Les adaptations les plus connues sont Blade Runner de Ridley Scott (d’après « Les androïdes rêvent-ils de mouton électrique ? »), Minority Report de Steven Spielberg (d’après « Rapport Minoritaire ») et Total Recall (d’après « Souvenirs à vendre ») mis en scène par Paul Verhoeven. Ce dernier récit a été réadapté en 2012 par Len Wiseman avec Colin Farell dans le rôle-titre. Moins connu est Screamers qui est élaboré d’après l’histoire courte « Nouveau Modèle » (« Second Variety » en version originale). Réalisé par Christian Duguay, ce long-métrage situe son action en 2078 sur la planète Sirus 6B colonisée pour récolter un minerai extrêmement énergétique : le Bérynium. Mais les scientifiques qui étudient cette ressource découvrent qu’elle émet des radiations à haute dose mortelles pour les mineurs. Conscients du danger qui pèse sur eux, ils se regroupent avec les scientifiques pour former l’Alliance face à l’omnipotence du Nouveau Bloc Économique (NBE) qui entend poursuivre l’extraction du Bérynium au péril de la vie des mineurs. Pour contrer la révolte, le NBE conçoit des robots autonomes capables d’éradiquer toute forme de vie, les « Hurleurs » (Screamers). Ceux-ci attaquent les êtres humains en se focalisant sur leurs pulsations cardiaques. Pour s’en prémunir, il faut porter un bracelet qui réémet les pulsations en opposition de phase. Par ailleurs, le NBE a bombardé la planète avec des charges atomiques forçant les habitants à fumer des cigarettes rouges pour se protéger des radiations.

Voilà pour le contexte. Au moment où le film s’ouvre, deux années se sont écoulées et un soldat du NBE est envoyé vers l’Alliance, porteur d’un message destiné à négocier une trêve avec les mineurs. Mais alors qu’il s’approche du QG des mutins, il est savamment déchiqueté par un hurleur, qui évolue dans le sable en se jetant sur lui tout en émettant un son strident à l’aide de ses deux puissantes scies circulaires, d’où le nom de « Hurleur ». L’infortuné messager n’a pas le temps de délivrer son pli confidentiel mais celui-ci est récupéré par le colonel Joe Hendricksson (Peter Weller). Après avoir pris connaissance du message, Hendricksson décide de cheminer sur la planète pour aller signer la paix avec le NBE, accompagné par un soldat de l’Alliance dont le vaisseau s’est écrasé au début du récit. Mais les choses ont en fait bien changé et Hendricksson comprend que l’ennemi n’est pas celui que l’on croit (une philosophie d’ailleurs chère à Dick). Les « Hurleurs » ont maintenant évolué et pris forme humaine. Ils apparaissent doués de conscience.

Méfiez-vous des apparences

Dans ce monde post-apocalyptique où le stress est permanent, les apparences deviennent vite trompeuses. Face à une menace qui ne fait aucune distinction entre les antagonistes, seule compte la survie dont les chances apparaissent à présent quasiment inexistantes. Le récit original de Philip K. Dick fait état d’une guerre atomique entre les États-Unis et l’URSS et l’action prend place en Normandie. L’Humanité ne vit plus sur la Terre, qui est complètement irradiée. Pour sa part, le réalisateur Christian Duguay a choisi de transposer les protagonistes sur une planète lointaine afin d’accentuer la sensation d’isolement et de paranoïa. Et force est de constater que ce « petit budget » (11 millions de dollars) remplit parfaitement le cahier des charges. L’ambiance est pesante à souhait et évoque, par certains côtés, des épisodes de La Quatrième Dimension dont le très bon « La flèche dans le Ciel » (qui servira même de base dix ans plus tard à Rod Serling pour bâtir l’histoire de La Planète des Singes). Malgré une écriture très réussie, qui compense des effets spéciaux pas toujours à la hauteur, et une interprétation maîtrisée des comédiens, Screamers fut un échec au box-office. Cependant, ce film a fini par gagner ses lettres de noblesse et est devenu culte au fil des ans. On note qu’une suite est sortie directement en vidéo en 2009 avec un nouveau casting, mais elle n’eut pas plus de succès que le premier opus.

 

© Antoine Meunier

 

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