LA NUIT DES MORTS-VIVANTS (1990)

Le remake en couleurs du classique de George Romero, dirigé par le roi des maquillages spéciaux Tom Savini

NIGHT OF THE LIVING DEAD

1990 – USA

Réalisé par Tom Savini

Avec Tony Todd, Patricia Tallman, Tom Towles, McKee Anderson, William Butler, Katie Finneran

THEMA ZOMBIES I SAGA LES ZOMBIES DE ROMERO

La motivation qui a présidé à la mise en chantier de ce remake laisse pensif. « Au départ, c’est pour une histoire de copyrights », explique George Romero. «Le premier film devait s’appeler Night of the Flesh Eaters. Mais le distributeur a choisi un autre titre au dernier moment, et je n’avais pas pensé à en protéger les droits. J’étais un petit gars de Pittsburgh pas tellement au courant de ces choses-là ! Pour récupérer le copyright, nous avons donc eu l’idée d’un remake, que j’ai écrit et produit, et dont Tom Savini a assuré la réalisation. » (1) Du coup, cette nouvelle version s’avère exceptionnellement conforme à son modèle. Situations, Péripéties, décors, scènes, dialogues y sont restitués fidèlement, les personnages ayant en outre les mêmes traits de personnalité et les mêmes caractéristiques physiques.

Cependant, il faut noter ici une différence considérable, qui concerne le personnage de Barbara, interprétée avec beaucoup de conviction par l’actrice et cascadeuse Patricia Tallman. Au lieu de rester prostrée pendant toute la durée du film, comme en 1968, elle domine sa peur et devient une battante émérite qui vole même la vedette à Ben, héros de la version originale, et incarné ici par Tony Todd (futur « héros » de Candyman). Son physique s’en ressent, troquant la robe d’été et la coupe sixties de son modèle contre des cheveux courts et une tenue plus masculine. « A l’époque du premier film, je souhaitais surtout traiter de révolution et de familles éclatées », raconte Romero. « Ici, je me suis plutôt penché vers le féminisme. » (2) Autre changement notable entre le remake et son modèle : le dénouement. La chute du film de Romero, qui reste dans toutes les mémoires, n’a pas été restituée ici, d’une part parce que Ben n’est plus vraiment le héros, et d’autre part parce que ce coup de théâtre n’aurait pas constitué une surprise pour les spectateurs connaissant la version originale. Toujours est-il que la chute choisie déçoit quelque peu. 

Une approche plus féministe ?

La plus grosse perte subie est cependant liée à l’atmosphère. Le noir et blanc granuleux de la première Nuit des Morts-Vivants véhiculait en effet une ambiance de sourde terreur que la quête de réalisme de cette version modernisée ne restitue guère, malgré une manifeste efficacité lors des séquences de tension et de suspense. Effectuant là ses premiers pas dans la réalisation d’un long-métrage, après s’être fait les dents sur la série Histoires de l’Autre Monde, Tom Savini a confié les maquillages spéciaux au duo Everett Burell et John Vulich, qui a créé à l’occasion des morts vivants très réalistes, loin des visages simplement blafards des zombies de Romero. Le film ne cède d’ailleurs jamais aux débordements gore de mise en pareil contexte, ce qui étonne d’autant plus que Savini, en tant que maquilleur, s’en était fait une spécialité. Soucieux de perpétuer la parabole sociale initiée par Romero, le cinéaste nous délivre ici une vision très acerbe de la milice qui se défoule sur les zombies, organise des combats entre eux et les pend aux arbres pour s’entraîner au tir. Des images qui prolongent celles, déjà très cyniques, de Zombie et du Jour des Morts-Vivants, et annoncent même partiellement celles de Land of the Dead.

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2005

© Gilles Penso

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