SLASHERS (2001)

Et si un jour une chaîne de télévision inventait un jeu dans lequel les candidats seraient livrés à des tueurs psychopathes ?

SLASHERS

2001 – CANADA

Réalisé par Maurice Devereaux

Avec Sarah Joslyn Crowder, Kieran Keller, Tony Curtis Blondell, Sofia de Medeiros, Jerry Sprio, Neil Napier, Claudine Shiraishi

THEMA TUEURS I CINEMA ET TELEVISION

En projet depuis 1998, Slashers est l’œuvre de Maurice Devereaux, un cinéaste canadien cumulant ici les postes de réalisateur, scénariste, producteur et monteur. Slashers est un peu la version gore du Prix du Danger. Mais au lieu du plagiat éhonté commis par Paul Michael Glaser dans Running Man, Devereaux échappe à l’influence d’Yves Boisset pour imposer son propre univers. Le jeu télévisé dont il est question ici est le programme le plus populaire du Japon. Six candidats ont une heure et demie pour échapper aux assauts des « slashers », trois assassins masqués qui s’inspirent des tueurs psychopathes du cinéma d’horreur. Le prix à remporter s’élève à douze millions de dollars, avec une prime supplémentaire de deux millions par « slasher » tué au cours de la partie. Les participants ont le choix de s’entraider ou de faire chacun cavalier seul, sachant que les survivants sont rares depuis que l’émission existe.

Or aujourd’hui, le jeu accueille pour la première fois des candidats américains : un ancien boxeur, un comptable, une athlète, un videur de boîte de nuit, une aspirante actrice et une étudiante en droit. Quant aux trois « slashers », ils ne sont pas piqués des vers : Charlie la Tronçonneuse, un émule de Leatherface à l’accent texan, le Révérend, un prêcheur armé d’un crucifix poignard, et Docteur Dépeceur, un chirurgien armé d’une pince coupante géante. Tout ce beau monde est équipé d’un collier magnétique qui permet aux producteurs d’obliger les participants à rester immobiles pendant les coupures publicitaires ! Dès que les présentations sont faites, la jolie présentatrice Miho laisse la partie commencer, tandis que « DJ Slash » mixe une musique d’ambiance en direct et qu’un cadreur suit pas à pas les évolutions des candidats dans « le Hangar de la Mort ». 

La mort en temps réel

Dès lors, le film n’est plus qu’un long et virtuose plan-séquence au steadycam. Car le parti pris du cinéaste est de jouer intégralement la carte de la mise en abîme, aucune séquence parallèle ne venant s’insérer dans le film, qui se visionne donc comme une émission complète. Nous sommes du coup plongés dans la peau des téléspectateurs virtuels de ce jeu imaginaire, nous y prenons goût, et le film nous renvoie à la face notre propre voyeurisme. En ce sens, Slashers s’avère bien plus constructif (et tellement moins prétentieux) qu’un Hostel qui cache son premier degré derrière un soi-disant discours philosophique. Ici, la donne est claire, et proche des thématiques développées dans Rollerball : le public a toujours voulu du sang, et si un jour un jeu comme « Slahers » était autorisé, nul doute qu’il ferait exploser tous les audimats. Les nombreux effets gore du film, résolument inventifs, voient leur impact décuplé par le tournage en plan-séquence. Certains personnages sont ainsi capturés par leurs agresseurs puis découpés en morceaux dans la continuité (les mouvements de caméra rapides et les variations lumineuses aident généralement à camoufler les points de montage, comme à la glorieuse époque de La Corde d’Alfred Hitchcock). A part un jeu d’acteur parfois un peu maladroit, Slashers est donc un exercice de style remarquable que Maurice Devereaux eut la bonne idée de tourner dans un décor aussi efficace qu’économique, en l’occurrence un club de paint-ball.

 

© Gilles Penso

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