FOREVER YOUNG (1992)

Une fable de science-fiction nostalgique qui s'interroge sur les vertus de la jeunesse éternelle

FOREVER YOUNG

1992 – USA

Réalisé par Steve Miner

Avec Mel Gibson, Jamie Lee Curtis, Elijah Wood, Isabel Glasser, George Wendt, Joe Morton, Nicolas Surovy, David M. Grant

THEMA MEDECINE EN FOLIE

C’est J.J. Abrams, futur créateur des séries Alias et Lost, qui est à l’origine de Forever Young. Son scénario, baptisé initialement « The Rest of Daniel », échut sur le bureau de Mel Gibson qui décida aussitôt de s’y impliquer. Principalement connu à l’époque comme star du cinéma d’action, à travers les sagas Mad Max et L’Arme Fatale, le comédien entrevoyait là la possibilité de changer de registre mais également de lancer sa carrière de producteur, via sa compagnie Icon Entertainment. Et c’est Steve Miner, jusqu’alors spécialisé dans les films d’horreur (Le Tueur du VendrediMeurtres en Trois Dimensions, House, Warlock) qui fut chargé de diriger le film. Cette combinaison de talents à priori peu assortis aboutit à une réjouissante fable de science-fiction mixant astucieusement l’aventure, le drame et la comédie. 

En 1939, la vie de Daniel McCormick (Gibson), pilote de bombardier, vire au cauchemar. Sa fiancée Helen (Isabel Glasser) sombre en effet dans le coma après avoir été renversée par une voiture, alors qu’il s’apprêtait à la demander en mariage. Désespéré, il se porte volontaire pour une expérience de cryogénie top secrète menée par son meilleur ami Harry Finley (George Wendt). Daniel ne le sait pas encore mais l’expérience, qui ne devait durer qu’un an, va mal tourner et le plonger dans un sommeil de cinquante ans. Suite à la maladresse de deux enfants qui jouent dans l’entrepôt de l’armée où est abandonné le caisson, notre homme s’éveille en 1992, à peu près aussi tourneboulé que Bernard Alane à la fin d’Hibernatus. Incapable de trouver un interlocuteur au sein de l’armée susceptible de croire à son histoire, il sympathise avec Nat Cooper (Elijah Wood), l’un des deux gamins qui l’ont accidentellement libéré. Claire (Jamie Lee Curtis), infirmière et mère célibataire de Nat, se laisse séduire par Daniel et accepte de l’héberger. Tandis qu’il s’efforce de retrouver la trace de son ami scientifique et de comprendre pourquoi l’expérience a mal tourné, Daniel découvre qu’il est en train de subir un vieillissement accéléré. Pour couronner le tout, le FBI se lance bientôt à ses trousses…

Une histoire d'amour qui défie le temps

Le rythme enlevé de Forever Young et le naturel de ses comédiens nous rappellent que Steve Miner fut également le réalisateur de Soul Man, une comédie savoureuse des années 80 qui demeure à ce jour son meilleur film. La capacité qu’offre Forever Young de passer du rire aux larmes, ainsi que ses coups de théâtre relançant régulièrement l’intrigue, permettent aux spectateurs d’avaler plus facilement les nombreuses incohérences qui jalonnent son scénario. On note au passage une partition tour à tour énergique et aérienne signée par l’immense Jerry Goldsmith, ainsi que d’habiles maquillages vieillissants conçus par le vétéran Dick Smith et réalisés par Greg Cannom. Bourré d’émotion, le final clôt en beauté cette histoire d’amour qui défie le temps, même si les plus cyniques lui reprocheront probablement sa grande naïveté et son manque de finesse. Grand scuccès du box-office mondial, Forever Young permit à Mel Gibson d’entamer un virage dans sa carrière et de faire dès l’année suivante ses premiers pas dans la mise en scène, mais n’offrit guère à Steve Miner l’opportunité de transformer l’essai.

© Gilles Penso

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