FRANKENSTEIN : LA VÉRITABLE HISTOIRE (1974)

Jack Smight nous propose un retour aux sources du roman de Mary Shelley à travers un luxueux téléfilm de trois heures

FRANKENSTEIN, THE TRUE STORY

1974 – GB

Réalisé par Jack Smight 

Avec James Mason, Leonard Whiting, David McCallum, Jane Seymour, Nicola Pagett, Michael Sarrazin

THEMA FRANKENSTEIN

Tandis que Mel Brooks rendait un vibrant et hilarant hommage aux classiques des années 30, le réalisateur Jack Smight s’efforça, à travers ce long téléfilm très soigné, de jouer la carte de la fidélité au texte original de Mary Shelley, même si le titre de « véritable histoire » est un peu usurpé, dans la mesure où le scénario se permet tout de même quelques libertés, la plus grande étant d’attribuer la paternité des expériences de Frankenstein (un Leonard Withing un peu fade) à Henri Clerval (David McCallum, habité par son personnage), alors que dans le roman Clerval est un ami de Victor qui n’est jamais au courant de ses travaux. « Tu as peur. J’avais peur moi aussi au début. C’est de cette manière que nous avons été éduqués. Nous avons été éduqués pour avoir peur ! Peur de la punition des dieux. Mais Prométhée les a défiés. » C’est en ces termes illuminés que s’exprime Clerval dans le film, ce à quoi Frankenstein se contente de répondre : « Et ils l’ont puni ! » Une réaction sage et prémonitoire, mais qui n’empêchera évidemment pas le drame de se nouer. 

La seconde grosse dérogation au roman provient du monstre (assez émouvant sous les traits de Michael Sarrazin), qui s’avère très réussi au début, mais dont la peau se flétrit ensuite peu à peu. Ni Frankenstein ni Clerval ne savent comment enrayer le processus de dégénérescence de sa chair. On trouve également dans le film John Polidori (l’immense James Mason), qui fut dans la réalité le médecin de Lord Byron, et qui devient ici un excentrique hypnotiseur concurrent de Frankenstein. Emule du Docteur Pretorius de La Fiancée de Frankenstein, Polidori demande aux deux hommes de donner naissance à une femelle pour la créature. Et pour les convaincre, cet homme arrogant et ambitieux n’hésite pas à titiller leur mauvaise conscience. « Quels parents modèles vous êtes ! », lâche-t-il. « Vous aimiez votre créature tant qu’elle était belle, mais lorsqu’elle s’est mise à changer d’aspect… Ah ! C’est une autre histoire ! »

Jane Seymour : la fiancée du Monstre

Ralliés à la cause de Polidori, nos savants utilisent alors la tête du véritable amour de la créature, une fermière, et donnent vie à Prima (incarnée par la délicieuse Jane Seymour). Celle-ci, une grande réussite, est présentée comme une jeune fille de la haute société dans une réception mondaine. Mais au cours d’une scène choc mémorable, la créature mâle, en pleine dégénérescence, surgit parmi les invités – à la manière de la créature en pleine régression de La Revanche de Frankenstein – et arrache la tête de Prima ! Tous ces écarts au matériau littéraire ne nuisent pas au film, qui se permet quelques séquences spectaculaires comme la naissance successive des deux créatures ou l’affrontement final dans les glaces. Notons qu’ici, l’énergie solaire a remplacé l’électricité comme puissance naturelle à la base des travaux de Frankenstein. Bien que destiné au petit écran, Frankenstein la Véritable Histoire, diffusé tour à tour en deux parties de deux heures chacune ou dans une version unitaire de trois heures, sortit en salles sur le continent Européen, ramené cette fois ci à une durée de 120 minutes.
 
© Gilles Penso

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