LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN (1935)

Quatre ans après son adaptation du roman de Mary Shelley, James Whale parvient à se surpasser lui-même en signant une séquelle magistrale

THE BRIDE OF FRANKENSTEIN

1935 – USA

Réalisé par James Whale

Avec Boris Karloff, Elsa Lanchester, Colin Clive, Ernest Thesiger, Valerie Hobson, Gavin Gordon, Douglas Walton, Una O’Connor 

THEMA FRANKENSTEIN I NAINS ET GEANTS I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Quatre ans après Frankenstein, James Whale, armé d’un budget de 400 000 dollars, met en scène La Fiancée de Frankenstein, une suite que beaucoup considèrent comme supérieure à l’originale. Il faut dire que Whale a injecté dans ce second film plus d’émotion, plus d’humour, plus de dynamisme, et une très belle partition de Franz Waxman, alors que le premier Frankenstein était quasiment dénué de musique. La caméra est devenue plus mouvante, et le rythme plus nerveux. Ici, le monstre est miraculeusement rescapé de l’incendie du moulin, tout comme son créateur, et dès lors les résurrections de la créature deviendront le leitmotiv de la série Universal. Comme son personnage apprend petit à petit à parler, Karloff a droit à quelques émouvantes lignes de dialogue. Le jeu du comédien s’enrichit donc, tout comme son maquillage que Jack Pierce a modifié pour lui donner un aspect partiellement brûlé. Cette évolution dans le traitement de la créature explique en grande partie la supériorité de ce second épisode sur son modèle. Car le zombie pataud affublé d’un cerveau de criminel s’est ici mué en être pathétique en quête d’affection, ce qui le rapproche finalement du texte initial de Mary Shelley. D’où une séquence très émouvante où le monstre trouve refuge chez un vieil ermite aveugle, seul humain à ne pas le traiter comme un monstre et à accepter bien volontiers sa compagnie.

Dans cette séquelle intervient également un inquiétant savant fou, le docteur Pretorius (Ernst Thesiger), exhibant avec exaltation à Frankenstein les êtres humains miniatures qu’il a fabriqués, dans une scène étonnante qui annonce Les Poupées du Diable, et qui reprend à son compte le mythe des homoncules créés par les alchimistes médiévaux et conservés dans des ampoules de verre. Mais la grande révélation du film est Elsa Lanchester, interprète de Mary Shelley dans le prologue du film où elle raconte à son mari et à Lord Byron la suite des aventures du monstre de son roman, mais surtout incarnation de la créature femelle que Frankenstein crée pour servir de compagne à son monstre, sous la pression de Pretorius. On se souviendra longtemps de sa coupe de cheveux spectaculaire qui évoque la foudre et de ses cris perçants.

Cinq minutes inoubliables

Le seul regret qu’on pourra formuler, vis à vis de cette créature, est la brièveté de son apparition (moins de cinq minutes de présence à l’écran), d’autant qu’elle ne réapparaîtra dans aucun autre film de la série, contrairement à tous ses monstrueux confrères. A l’instar de Boris Karloff dans le premier Frankenstein, le nom de la comédienne fut remplacé par un point d’interrogation dans le générique, afin d’entretenir un doute auprès des spectateurs. Rejeté par la promise qui lui fut pourtant confectionnée sur mesure, le monstre de Frankenstein finit par saccager le laboratoire et les deux créatures périssent dans une grande explosion…  Dans le montage original, le docteur passait lui aussi l’arme à gauche, mais les producteurs optèrent finalement pour un dénouement plus heureux. D’autres séquences furent modifiées ou coupées après les projections test organisées par Universal, ramenant la durée du film de 90 à 75 minutes.

 

© Gilles Penso

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