LE RETOUR DE GODZILLA (1955)

Le deuxième épisode de la saga Godzilla confronte le dinosaure atomique à une sorte de hérisson préhistorique géant…

GOJIRA NO GYAKUSHY

1955 – JAPON

Réalisé par Motoyomi Odo

Avec Hiroshi Koizumi, Setsuo Wakayama, Mindru Chiaki, Yukio Kasama, Takashi Shimura, Mayuri Mokusho

THEMA DINOSAURES I SAGA GODZILLA

L’intrigue de cette séquelle immédiate de Godzilla, mise en production dans l’urgence suite au succès inespéré du premier opus, démarre sans s’embarrasser de long prologue. Deux jeune pilotes au service d’une compagnie d’exportation de poisson y survolent la mer. Alors qu’ils scrutent les eaux, à la recherche de nouveaux bancs de thons, l’un d’eux est frappé par une avarie en plein vol et se pose d’urgence sur une île inhabitée. Tandis que son collègue vient à son secours, les deux aviateurs aperçoivent deux énormes monstres préhistoriques qui s’affrontent sauvagement. Le gigantisme de ces bêtes en noir et blanc, dont l’échine reptilienne se découpe derrière de massifs rochers, évoque les pugilats du classique Tumak fils de la jungle qui inspira dès sa sortie en 1940 moult films d’aventure préhistoriques à travers le monde. Sans doute le cinéaste Motoyoshi Odo se laissa-t-il lui aussi influencer par le mélodrame antédiluvien de Hal Roach. 

Retour de Godzilla 1955 photo

Lorsque les deux pilotes parviennent à s’échapper et à prévenir les autorités d’Osaka, la communauté scientifique se met en branle et cherche à trouver une explication rationnelle au phénomène. « Les essais nucléaires ont fait sortir de leur tanière Godzilla et un Anguillosaurus communément appelé Anguilas » dit un savant. Et d’enchaîner sur des explications paléontologiques fantaisistes. En effet, l’anguillosaurus est une invention pure, le monstre en question ressemblant à une sorte d’ankylosaure (dinosaure cuirassé du Crétacé) doté ici d’une mâchoire carnivore. Pour expliquer le retour de Godzilla, réduit à l’état de squelette à la fin du premier film, les éminents experts trouvent une explication bien commode : il s’agit d’un second spécimen de la même espèce. Alors qu’une candide romance s’esquisse entre l’un des aviateurs et une standardiste, l’armée s’apprête à passer à l’action. Le film nous offre alors une séquence de suspense très efficace au cours de laquelle tous les habitants de la ville d’Osaka sont sommés de respecter un black-out pour que Godzilla ne soit pas attiré par les lumières de la ville et s’éloigne de la baie. Mais lorsque des prisonniers s’évadent et provoquent par mégarde une immense explosion, la ruse échoue et Godzilla surgit, provoquant une belle scène nocturne d’acharnement inutile de l’artillerie contre sa cuirasse atomique, Anguillas se joignant bientôt à l’échauffourée. 

Black-out sur Osaka

Alors que le premier Godzilla utilisait abondamment les effets de ralenti pour évoquer les proportions titanesques de son dinosaure, Le Retour de Godzilla emploie curieusement des mouvements accélérés. Ces derniers auraient été obtenus accidentellement suite à une erreur du caméraman, mais le superviseur des effets visuel Eiji Tsuburaya apprécia le résultat (qui lui rappela sans doute les animations en stop-motion de King Kong) et le conserva. A vrai dire l’effet obtenu est plutôt intéressant, même si parfois la rapidité des gestes prend une tournure presque comique, d’autant qu’Anguillas est un quadrupède assez pataud. Tsuburaya multiplie les tableaux de destructions très spectaculaires et nous gratifie notamment d’une impressionnante séquence d’inondation du métro. Comme dans le premier Godzilla, c’est le sens du sacrifice d’un homme vaillant et désintéressé qui permettra de venir à bout de la créature, celle-ci achevant l’aventure ensevelie sous une avalanche de glace.
 
© Gilles Penso

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