ANACONDA, LE PRÉDATEUR (1997)

Une petite expédition menée par Jennifer Lopez se retrouve confrontée au serpent le plus grand et le plus vorace du monde

ANACONDA

 

1997 – USA / BRÉSIL / PÉROU

 

Réalisé par Luis Llosa

 

Avec Jennifer Lopez, Ice Cube, Jon Voight, Eric Stoltz, Jonathan Hyde, Kari Wuhrer, Vincent Castellanos, Danny Trejo

 

THEMA REPTILES ET VOLATILES

Avant que les effets spéciaux numériques se démocratisent et permettent à de minuscules sociétés de production de se spécialiser dans les « creature features » à petit budget (Nu Image et The Asylum en tête), les longs-métrages mettant en scène des grands monstres étaient plutôt l’apanage des grands studios, comme le démontre cet Anaconda produit par Columbia Pictures. Un vertigineux jeu de chaises musicales s’amorça à l’annonce du projet, tout Hollywood étant pressenti pour jouer dans le film. La production envisagea ainsi de confier le rôle de la réalisatrice de documentaires Terri Porter, personnage central de l’intrigue, tour à tour à Jennifer Aniston, Kate Beckinsale, Juliette Binoche, Nicole Kidman, Kim Basinger ou encore Sandra Bullock. Les deux finalistes, Gillian Anderson et Julianna Marguiles, durent passer leur tour elles aussi, respectivement occupées par les séries X-Files et Urgences. C’est finalement la chanteuse Jennifer Lopez, devenue star du grand écran avec des films tels que Money Train ou Selena, qui hérita du rôle. Terri Porter fut donc rebaptisée Terri Flores. Tourné au Brésil et à Los Angeles, dans des décors qui évoquent ceux de L’Étrange créature du lac noir, Anaconda est dirigé par Lluis Losa, dont la filmographie est relativement anecdotique malgré les superstars qu’il eut l’occasion de diriger (Tom Berenger dans Sniper, Sylvester Stallone et Sharon Stone dans L’Expert). Anaconda marquera d’ailleurs la fin de sa carrière hollywoodienne, notre homme se concentrant par la suite sur des projets plus confidentiels.

Terri Flores/Jennifer Lopez part donc tourner un documentaire sur la tribu indienne des Shirishamas au cœur de la jungle amazonienne. L’expédition qu’elle mène comprend le scientifique Steven Cale (Eric Stoltz), le caméraman Danny Rich (Ice Cube), la chargée de production Denise Kalberg (Kari Wuhrer), l’ingénieur du son Gary Dixon (Owen Wilson), le présentateur Warren Westridge (Jonathan Hyde) et le capitaine Mateo (Vincent Castellanos). Cette petite équipe hétérogène, au sein de laquelle les caractères sont bien trempés (à la lisière de l’archétype) et où quelques couples se forment, remonte le fleuve et se serre les coudes dans cette nature hostile… jusqu’à tomber sur un homme en détresse (Jon Voight, reprenant un rôle prévu initialement pour Jean Réno). Seul sur son bateau coincé dans la végétation, il les rejoint à bord et se propose de les guider pour les remercier. Mais ce chasseur de reptiles aux manières déconcertantes semble cacher son jeu et provoque un certain malaise parmi les membres soudés de l’expédition. Bientôt, une série d’incidents de plus en plus préoccupants ponctue leur trajet. Alors que le voyage prend une tournure préoccupante, nos aventuriers se retrouvent sur le terrain de chasse d’un redoutable anaconda de douze mètres de long dont l’appétit semble insatiable…

Le huitième passager

Dominant le casting disparate du film par son charisme imperturbable et sa présence physique toujours imposante, Jon Voight en fait sans doute trop dans le rôle du « huitième passager » imprévu de cette expédition en déroute, mais sa prestation à la frontière du cabotinage demeure l’une des deux attractions principales du film. La seconde est bien sûr le serpent, qui surgit dans une poignée de séquences d’attaque assez spectaculaires (notamment le premier assaut de l’embarcation en pleine nuit). Hélas, cet anaconda hautement fantaisiste (deux fois plus long que la normale, presque aussi rapide qu’un avion supersonique et capable d’avaler un humain toutes les cinq minutes) n’est pas toujours convainquant. Si les marionnettes animatroniques conçues par l’équipe de Walt Conti (créateur des orques mécaniques de Sauvez Willy) fonctionnent plutôt bien à l’écran, on ne peut pas en dire autant de leurs contreparties en images de synthèse, qui défient les lois de la physique avec une totale absence de réalisme. Anaconda souffre fatalement d’un tel handicap, et se termine sur un climax accumulant les rebondissements grotesques. L’équipe du film n’est sans doute pas dupe, comme semble le confirmer l’improbable clin d’œil final de Jon Voight. Le film se pare pourtant d’atouts formels indéniables, comme la bande originale efficace de Randy Edelman et la photographie soignée de Bill Butler (Les Dents de la mer). Et si les réactions de la critique s’avèrent glaciales, le public réserve à Anaconda un accueil suffisamment enthousiaste pour que plusieurs séquelles soient mises en chantier dans la foulée.

 

© Gilles Penso

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