THE MACHINE GIRL (2008)

Une jeune fille se venge du gang qui a assassiné son frère en se transformant en tueuse redoutable armée d’un bras-mitraillette

KATAUDE MASHIN GÂRU

 

2008 – JAPON

 

Réalisé par Noboru Iguchi

 

Avec Minase Yashiro, Asami, Kentaro Shimazu, Honoka, Nobuhiro Nishihara, Yuya Ishikawa, Ryosuke Kawamura

 

THEMA TUEURS

La scène d’introduction de The Machine Girl est d’une intensité si forte qu’on se demande comment le film va pouvoir s’ajuster à une telle démesure par la suite. On y voit une écolière japonaise en jupe plissée (fantasme de 90% de la population masculine nippone, comme chacun sait) massacrer une bande de voyous à l’aide d’une gigantesque mitrailleuse qu’elle greffe sur le moignon de son bras gauche. Le gore est outrancier, le sang gicle hors des membres mutilés comme du coca jaillissant d’une cannette trop secouée, les visages éclatent pour faire place à des trous béants, les corps explosent avec fracas, le tout en une folie destructrice rarement vue à l’écran. Et pourtant, ce n’est qu’un début. Un flash-back nous ramène quelques semaines plus tôt, époque où Ami est encore une gentille écolière vivant avec son jeune frère Yu, tous deux ayant été marqués par le suicide de leurs parents accusés de meurtre. Or Yu est tourmenté et racketté par la bande du redoutable Sho Kimura. Il faut dire que ce dernier porte une lourde hérédité. Son père est un yakuza descendant d’une lignée de samouraïs, qui fait boire son sang à son rejeton pour renforcer leurs liens, et sa mère une mégère sadique qui trucide les femmes de ménage pas assez efficaces ! Lorsque Yu est tué par le gang, la paisible Ami se mue soudain en furie meurtrière. « Je suis devenue un démon ! » s’écrit-elle dans un rire dément.

Avec l’aide d’un couple de garagistes, elle transforme son bras fraîchement amputé par la famille Kimura (au cours d’une scène particulièrement douloureuse) en arme redoutable, se muant elle-même en une sorte de cyborg mi fille-mi arme à feu, quelque part à mi-chemin entre le Ash d’Evil Dead 2 et L’Armée des ténèbres et la femme à la jambe-fusil de Planète terreur qu’incarnait Rose McGowan. Excessifs, les débordements gore du film n’ont dès lors rien à envier à un Braindead ou un Street Trash : tête coupée qui nage dans une marmite, couteau qui traverse un visage jusqu’à ce que les viscères s’écoulent par la bouche, seringue plantée dans un œil, corps taillé en morceaux, adversaires transformés en squelettes sanguinolents, visage perforé par d’énormes clous, découpages à la tronçonneuse…

Un défouloir gore sans tabou

Sans compter les scènes horrifiques annexes à l’intrigue, comme ce cuisinier maladroit obligé de manger des sushis confectionnés avec ses propres doigts coupés ! A côté d’un tel déchaînement, le Versus de Kitamura ressemble presque au Magicien d’Oz ! Ne reculant devant aucun tabou, le cinéaste évoque même le viol post-mortem d’une adolescente au crâne transpercé par un grand couteau… « Ça n’est pas tous les jours qu’on peut se taper une lycéenne » se contente de commenter le chef yakuza d’un air désabusé. Défouloir décomplexé riche en séquences de combats survitaminées, revenge movie gore et outrancier, The Machine Girl mixe l’influence très prégnante du manga et du jeu vidéo et ne s’apprécie évidemment pas au premier degré. Face aux tortures voyeuristes des sagas Hostel et Saw, qui éclaboussaient à l’époque les écrans sans la moindre retenue, cette sauce tomate surabondante et cette chair à saucisse en mousse de latex étaient finalement très rafraîchissantes.

 

© Gilles Penso



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