DANS LA PEAU D’UNE BLONDE (1991)

Assassiné par trois de ses anciennes conquêtes, un macho de la pire espèce revient d’entre les morts… dans la peau d’une femme plantureuse

SWITCH

 

1991 – USA

 

Réalisé par Blake Edwards

 

Avec Ellen Barkin, Lorraine Bracco, JoBeth Williams, Jimmy Smits, Tony Roberts, Perry King, Bruce Payne, Lysette Anthony

 

THEMA MORT

Nous serons éternellement reconnaissants à Blake Edwards pour nous avoir gratifié d’inestimables éclats de rire avec des morceaux de choix comme La Party ou La Panthère rose. Il était alors au faîte de son talent, au beau milieu des chatoyantes sixties. S’il a depuis persévéré coûte que coûte dans le domaine de la comédie, l’impact de ses œuvres s’est quelque peu émoussé avec les ans. D’où des films aux concepts souvent extraordinaires s’essoufflant en cours de route faute d’un développement suffisamment rigoureux, tels que Victor Victoria, Boires et déboires ou L’Amour est une grande aventure. Réalisé au tout début des années 90, Dans la peau d’une blonde s’inscrit dans cette lignée, bénéficiant d’un point de départ extrêmement prometteur. Héros du fameux Class 1984, Perry King interprète Steve Brooks, un impénitent séducteur doublé d’un odieux macho. Un soir, il part tout guilleret participer à une fête organisée par trois de ses anciennes conquêtes, Margo (JoBeth Williams, agressée par des fantômes dans Poltergeist), Liz (Lysette Anthony, la princesse de Krull) et Felicia (Victoria Mahoney, reine Antinéa dans L’Atlantide de 1992).

En réalité, le trio de charme a décidé de mettre un terme définitif aux agissements haïssables de leur ex. Elles le convient donc à une ultime orgie, le gratifient d’un langoureux strip-tease, puis le noient dans une piscine à bulles. Plus coriace que prévu, Steve a survécu, et c’est d’un coup de feu tiré par Margo qu’il meurt pour de bon. Parvenu dans l’au-delà, il se voit accorder une deuxième chance : s’il trouve une femme susceptible de l’aimer vraiment, il gagnera son ticket pour le Paradis. Mais le Diable décide de corser un peu l’épreuve. Ainsi, lorsque Steve revient à la vie dans son appartement, il constate avec horreur qu’il s’est transformé en femme. Passée la surprise, il décide de se faire passer pour sa propre sœur et tente de retourner au bureau, où il occupe un poste de créatif dans une agence de publicité.

L'inversion des sexes

Comment cet indécrottable sexiste va-t-il parvenir à vivre dans la peau d’une belle blonde et à se faire aimer d’une autre femme, tout en résistant aux assauts de son meilleur ami Walter (Jimmy Smits) ? Tel est le passionnant point de départ de cette fable au riche potentiel en matière de situations comiques. Blake Edwards décuple ainsi le jeu de l’inversion des sexes de Victor Victoria, multipliant à outrance les dilemmes et les quiproquos. A vrai dire, l’impact du film repose énormément sur les épaules d’Ellen Barkin, absolument hallucinante dans le rôle de cet homme prisonnier dans le corps d’une femme. Ses attitudes exagérément masculines, ses impayables mimiques et son incapacité à marcher correctement sur des hauts talons sont proprement hilarantes. Sans elle, il y a fort à parier que Dans la peau d’une blonde eut disparu dans les limbes de l’oubli. Car en dehors de son génial postulat et de son prodigieux casting, cette comédie fantastique peine à exploiter son concept jusqu’au bout. Le scénario finit donc par tourner en rond, s’achevant même sur un épilogue mélo et convenu indigne de son illustre auteur.

 

© Gilles Penso

 

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