CLASS 1984 (1982)

Dans un futur très proche, la violence gangrène un lycée américain jusqu’à atteindre le point de non-retour…

CLASS OF 1984

 

1982 – USA / CANADA

 

Réalisé par Mark L. Lester

 

Avec Perry King, Merrie Lynn Ross, Timothy Van Patten, Roddy McDowall, Stefan Arngrim, Michael J. Fox, Keith Knight, Lisa Langlois, Neil Clifford, Al Waxman

 

THEMA TUEURS I FUTUR

Pur produit du cinéma d’exploitation des seventies, Mark Lester signe depuis le début de la décennie des œuvres aux titres aussi imagés que La Bombe humaine, Ça cogne et ça rigole chez les routiers ou Les Risque-tout. À l’aube des années 80, il visite le lycée où il sévissait pendant son adolescence et remarque à quel point les choses se sont dégradées du point de vue de la discipline et de l’autorité. Ce constat, mêlé à son envie de moderniser les films de jeunesse rebelle comme le fameux Graine de violence de Richard Brooks, permet d’ébaucher ce qui deviendra Class 1984. Pour donner forme au scénario qu’il a en tête, il s’adjoint les services de Tom Holland, futur réalisateur de Vampire vous avez dit vampire et Jeu d’enfant. Les deux hommes concoctent un récit très légèrement futuriste situé dans un lycée où la violence est singulièrement montée d’un cran. Un portique détecte les métaux à l’entrée, des caméras de vidéo-surveillance sont installées un peu partout, la drogue se vend dans les couloirs, des gardiens armés sillonnent l’établissement. Force est de constater que ce qui avait des allures d’extrapolations de science-fiction en 1982 s’est quasiment concrétisé dans le monde réel. En ce sens, Class 1984 se sera avéré prophétique, annonçant dès son texte d’introduction : « Malheureusement, ce film s’inspire de faits réels. Heureusement, très peu d’écoles sont à l’image de Lincoln High… pour l’instant. »

Class 1984 donne la vedette à Perry King (Mandingo, Bande de flics, Search and Destroy) dans le rôle du professeur de musique Andy Norris, nommé remplaçant au lycée Abraham Lincoln après que son prédécesseur ait été victime d’une chute dans un escalier. Si quelques élèves attentifs s’efforcent de suivre les cours (parmi lesquels on reconnaît un tout jeune Michael J. Fox), Norris se heurte rapidement à une bande de délinquants menés par le redoutable Peter Stegman (Timothy Van Patten). La tension s’installe dès le premier cours, car ces graines de nazis adeptes du salut SS et de la croix gammée règnent visiblement sur ce lycée sans aucune entrave. Ils s’adonnent au trafic de drogue, à la prostitution, au racket, au viol, aux affrontements entre bandes, tandis que les autorités ferment les yeux ou détournent le regard (avec sans cesse le même refrain : « on ne peut rien faire, ils sont mineurs »). Et puis vient ce moment mémorable où le professeur de biologie Terry Corrigan (Roddy McDowall) craque, donnant cours à ses élèves avec à la main un pistolet chargé qu’il menace d’utiliser s’ils ne donnent pas les bonnes réponses ! Bientôt, la mort commence à ensanglanter l’établissement et la violence grimpe inexorablement jusqu’à atteindre un point de non-retour.

« Je suis le futur »

S’il baigne dans une ambiance presque post-apocalyptique dans ses moments les plus extrêmes (via notamment son détournement de l’imagerie punk chère à Mad Max 2 et New York 1997), le cadre de Class 1984 reste très réaliste. Nous voilà donc plongés dans un film hybride, quelque part à mi-chemin entre Orange mécanique et Un Justicier dans la ville. Le choix d’un tournage à Toronto, en extérieurs naturels et dans un vrai lycée, prioritairement motivé pour des raisons budgétaires, ajoute à la crédibilité des événements narrés, même si le dernier acte se laisse aller à des outrances spectaculaires jusqu’à un grand final en plein concert classique qui semble presque cligner de l’œil vers Alfred Hitchcock. La phrase que prononce Stegman de manière répétitive, « je suis le futur », est devenue le slogan du film. Au-delà de son impact immédiat, cette réplique devenue mythique laisse craindre l’émergence d’une génération ultra-violente dénuée de repères moraux, chose d’autant plus étonnante que ce chef de bande est un garçon de bonne famille élevé dans un milieu petit-bourgeois sans histoire. D’où cette propension au mal peut-elle donc venir ? La question reste sans réponse, accroissant le trouble. Rythmé sur une musique anxiogène de Lalo Schifrin – qui compose la chanson générique « I Am the Future » interprétée par Alice Cooper -, Class 1984 remporte un succès planétaire qui permet à Mark Lester d’entrer dans la cour des grands pour réaliser dans la foulée Firestarter et Commando.

 

© Gilles Penso

 

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