Du côté des monstres, on déchante quelque peu. Car Battra est loin de convaincre, sous sa forme d’amas de latex trapu et cornu aux petites pattes crochues et à la gueule démesurée garnie de mandibules. Mothra lui-même a les allures d’une grosse chenille en plastique rigide du plus ridicule effet. Au cours de son premier affrontement avec Godzilla, il se défend en lui crachant du fil et en lui mordant la queue (!), puis s’installe en ville pour fabriquer son cocon. Sous son aspect de papillon, hélas, la créature n’est guère plus crédible, prenant les allures de bête de fête foraine en peluche multicolore affublée de grands yeux et d’un gros museau. Tout se passe comme si les effets spéciaux n’avaient guère évolué depuis 1964. Au cours du climax, Battra se métamorphose en hideux papillon de nuit et les deux insectes géants s’affrontent avant de s’unir pour défaire un Godzilla plus menaçant que jamais. Naïf, sérieux comme un pape et exagérément lyrique, Godzilla contre Mothra défend des valeurs certes louables – la sauvegarde de l’environnement, la dénonciation des multinationales appâtées par le gain à tout prix – mais le manque de subtilité du message en annihile fortement l’impact. Les dernières images semblent se calquer sur celles de Rencontres du 3ème type, le vaisseau mère extra-terrestre se muant ici en papillon géant qui traverse le cosmos au son d’une partition exagérément emphatique.
© Gilles Penso