LIVIDE (2011)

Trois jeunes gens décident d’aller cambrioler une vieille maison qui semble abriter de lourds secrets…

LIVIDE

 

2011 – FRANCE

 

Réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo

 

Avec Chloé Coulloud, Felix Moati, Jérémy Capone, Catherine Jacob, Marie-Claude Pietragalla, Chloé Marcq, Béatrice Dalle

 

THEMA VAMPIRES

À l’intérieur avait frappé très fort. Avec ce choc filmique assené sans concessions aux spectateurs, Julien Maury et Alexandre Bustillo avaient prouvé leur savoir-faire dans le domaine de l’horreur hardcore, mais aussi une sensibilité toute personnelle qui leur avait permis de tirer de leurs comédiennes principales des prestations intenses et à fleur de peau. Toujours à l’affut de nouvelles recrues, Hollywood se mit à leur promettre monts et merveilles, les associant à toutes les grandes franchises horrifiques du moment, notamment Halloween et Hellraiser. Rien de concret ne se profilant, les duettistes décidèrent de regagner leurs pénates pour concocter un nouveau conte d’épouvante hexagonal. Ici, le gore urbain cède le pas à une épouvante moins frontale, plus insidieuse… Du moins dans la première partie du métrage. « À l’intérieur était un thriller réaliste aux débordements gore excessifs, alors que Livide est plus ouvertement fantastique », explique Alexandre Bustillo. « Nous souhaitions faire un film d’ambiance ancré dans une réalité sociale, avec une exposition d’une quarantaine de minutes. Plus la première partie est réaliste, plus l’intrusion dans le fantastique pur est surprenante. C’est un peu comme si Ken Loach rencontrait Guillermo del Toro, toutes proportions gardées bien sûr ! » (1)

Nous sommes en Bretagne, le soir d’Halloween. Trois jeunes gens décident sur un coup de tête de cambrioler la maison de Deborah Jessel, ancien professeur de danse classique, aujourd’hui centenaire énigmatique plongée dans le coma. On raconte en effet que la vieille demeure abrite un inestimable trésor. Mais le larcin nocturne va vite se transformer en cauchemar. L’entame du long-métrage fonctionne à merveille, même si les dialogues sont sans doute trop explicatifs. On sent bien qu’un certain nombre d’informations doivent être délivrées aux spectateurs, quitte à ce que les répliques des personnages s’en chargent un peu artificiellement. À cette réserve près, le film démarre sous de bons auspices, en particulier grâce à ses jeunes comédiens au jeu vivifiant et naturel, auxquels s’adjoint la présence surprenante de la danseuse étoile Marie-Claude Pietragalla.

Une épouvante à l’ancienne

« Alexandre et moi sommes tombés par hasard sur l’affiche de son dernier spectacle », explique Julien Maury. « Son visage émergeait des ténèbres, et son regard y était incroyable, saisissant. Aussitôt, nous nous sommes dit : “pourquoi ne pas lui proposer le rôle, après tout ?“. Nous lui avons envoyé le scénario, et deux jours après elle acceptait. » (2) La grande demeure aux allures de maison hantée nous plonge dans une épouvante « à l’ancienne », non exempte d’influences manifestes du cinéma horrifique japonais et espagnol. Et puis peu à peu, avec l’intrusion d’un certain nombre de flash-backs et un traitement frontal des phénomènes surnaturels, le spectacle se gâte un peu, sombrant dans les clichés, les redites et la confusion. L’imagerie vampirique est convoquée, contournée et transcendée, mais le château de cartes s’effondre : bien vite, on n’y croit plus vraiment. Certes, Bustillo et Maury dotent leur film d’indiscutables qualités formelles (une belle musique de Raphael Gesqua, une photographie soignée de Laurent Barès), mais la cosmétique ne rattrape pas totalement les écueils dans lesquels Livide s’échoue.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2010

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection



Partagez cet article