CONAN (2011)

Malgré le savoir-faire de Marcus Nispel et le charisme de Jason Momoa, cette relecture des aventures du célèbre barbare pâlit face au classique de John Milius

CONAN THE BARBARIAN

 

2011 – USA

 

Réalisé par Marcus Nispel

 

Avec Jason Momoa, Tachel Nichols, Stephen Lang, Rose McGowan, Saïd Taghmaoui, Ron Perlman, Leo Howard

 

THEMA HEROIC FANTASY I SAGA CONAN

Choisir Marcus Nispel pour donner à Conan une chance de crever une fois de plus le grand écran n’était pas une mauvaise idée en soi. Au fil de son inégale carrière, le cinéaste natif de Francfort avait prouvé un certain savoir-faire dans l’expression de la violence brute (Massacre à la tronçonneuse), dans l’épopée guerrière sise au cœur des âges primitifs (Pathfinder) et dans l’iconisation graphique de ses protagonistes (Vendredi 13). Il était donc un candidat idéal pour raviver les écrits de Robert Howard, bien plus légitime en tout cas que Brett Ratner qui fut un temps attaché au projet. Pour éviter une comparaison qui jouerait fatalement en sa défaveur, le réalisateur choisit de ne pas raconter la même histoire que le classique de John Milius, sans pour autant se priver de nous faire découvrir le valeureux Cimmérien dans sa prime jeunesse avant qu’il ne se mue en sculptural et redoutable guerrier.

En pleine époque hyborienne, des sorciers de l’Acheron ont créé un masque à partir des crânes des anciens rois, avant d’utiliser le sang pur de leurs propres filles pour doter ce masque de pouvoirs infinis. Mais ces nécromanciens impies ont été vaincus par les Cimmériens, menés par le valeureux Corin (Ron Perlman). Ce dernier détruisit le masque et en éparpilla les ossements aux quatre vents. Des années plus tard, sur un champ de bataille, l’épouse de Corin donne naissance à son fils Conan avant de passer l’arme à gauche. Adolescent, ce dernier prouve une ardeur impressionnante au combat, mais ne peut sauver la vie de son père, assailli par le redoutable Khalar Zym (Stephen Lang), en quête de la dernière partie du masque antique censé lui donner un pouvoir absolu. Devenu adulte, le robuste Conan (Jason Momoa) est prêt à tout pour assouvir sa vengeance.

Jason le barbare

Sur le papier, cette relecture des faits d’arme du colossal barbare tient la route. Mais à l’écran, il en va tout autrement. Trop sage pour convaincre, malgré une violence assumée dans les scènes de combats et de sévices orchestrés par Khalar Zym et sa fille versée dans la sorcellerie (Rose McGowan), ce Conan souffre d’une absence cruelle de vision. John Milius et son scénariste Oliver Stone avaient un point de vue sur le récit qu’ils construisaient, auquel ils surent imprimer une personnalité forte, une brutalité primitive et une ampleur opératique. On cherchera en vain la moindre équivalence ici. De toute évidence, Marcus Nispel obéit à un cahier des charges établi par le studio, s’efforce de doser les ingrédients susceptibles de le conduire au succès, et se met en quête d’une alchimie hors de portée. Quelques séquences purement fantastiques surnagent, comme le combat surprenant contre les hommes de sable, l’assaut final d’un céphalopode géant aux réminiscences lovecraftiennes ou cette vision surréaliste d’une montagne en forme de visage hurlant. Mais la magie n’opère pas. Jason Momoa ne peut s’empêcher de moderniser son jeu par des clins d’œil et des punchlines anachroniques, la partition de Tyler Bates (transfuge de 300) manque d’inspiration, Stephen Lang cabotine dans le sillage de la remarquable prestation qu’il offrit à Avatar, et le spectateur finit par s’ennuyer ferme. Nous sommes finalement plus proche du sympathique Kalidor de Richard Fleischer que du séminal Conan le barbare de John Milius.

 

© Gilles Penso

 

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