HURLER DE PEUR (1961)

Une jeune paralytique est en proie à des hallucinations terrifiantes où le cadavre de son père vient la hanter régulièrement…

TASTE OF FEAR

 

1961 – GB

 

Réalisé par Seth Holt

 

Avec Susan Strasberg, Ronald Lewis, Ann Todd, Christopher Lee, John Serret, Leonard Sachs, Anne Blake, Fred Johnson

 

THEMA FANTÔMES I MORT

Ancien monteur, Seth Holt (« l’un des plus grands réalisateurs britanniques » selon Christopher Lee) avait fait son baptême du feu en dirigeant le thriller Confession à un cadavre avec Bette David. Hurler de peur, son second long-métrage, se situe quelque part entre le cinéma d’Alfred Hitchcock et Les Diaboliques de Georges Clouzot. Susan Strasberg incarne Penny Appleby, une jeune femme clouée sur un fauteuil roulant après une chute de cheval. Venue à Nice pour retrouver son père, qu’elle n’a pas vu depuis de nombreuses années, et sa belle-mère (Ann Todd), qu’elle ne connaît pas, elle est accueillie par un chauffeur séduisant prénommé Bob (Ronald Lewis). L’accueil qu’on lui réserve est chaleureux, mais bientôt, Penny est frappée par d’horribles visions du cadavre de son père, figé à plusieurs endroits de la maison familiale au beau milieu de la nuit. S’agit-il d’hallucinations ? Tout semble si tangible, si réel…

Tournant le dos à l’imagerie gothique et aux couleurs saturées généralement associée à la Hammer, Seth Holt nous plonge dans des décors naturels et contemporains captés dans le sud de la France et filmés en noir et blanc. Ce sera d’ailleurs le fer de lance d’un cycle de films de terreur psychologique marchant volontiers sur les traces de Psychose, aux côtés d’œuvres telles que Maniac, Fanatic ou Paranoiac. Susan Strasberg, qui prête son joli minois au personnage principal de Hurler de peur, est la fille de Lee Strasberg, le fondateur de l’Actor’s Studio. Sa technique de jeu, moins théâtrale et plus naturaliste que celle de ses partenaires britanniques, crée du coup une rupture particulièrement intéressante qui concourt à la modernité du film. Dans la peau d’un docteur austère persuadé que la paralysie de la jeune fille est psychosomatique et qu’elle peut se guérir par la force de la volonté, Christopher Lee capitalise sur son potentiel inquiétant. Assez curieusement, il porte ici le même nom que celui du personnage qu’il incarnait dans L’Homme qui faisait des miracles de Terence Fisher deux ans plus tôt (le docteur Pierre Gerrard). Cette homonymie serait apparemment une blague que lui destinèrent les auteurs maison de chez la Hammer.

Une sombre machination

L’ambigüité dont ce médecin est auréolé se double d’un accent français exotique que l’acteur notoirement polyglotte se plaît à imiter. S’agirait-il de l’amant de la belle-mère ? Ont-ils comploté pour rendre Penny folle ? Ont-ils assassiné son père ? La vérité est encore plus surprenante que toutes les suppositions échafaudées par les spectateurs, par la grâce d’un scénario riche en rebondissements signé par le très prolifique Jimmy Sangster, également producteur du film. Une mise en scène ciselée, des comédiens remarquables, une magnifique photographie généreuse en contrastes signée Douglas Slocombe (futur directeur de la photographie des trois premiers opus de la saga Indiana Jones), tout concourt à faire d’Hurler de peur un classique du film d’épouvante. Et l’on regrette que Seth Holth n’ait pas dirigé plus de longs-métrages de cette trempe, si l’on excepte la mémorable Momie sanglante qui magnifiera la belle Valérie Leon dix ans plus tard et qui sera son chant du cygne.

 

© Gilles Penso

 

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