Un lycéen découvre un étrange engin dans un entrepôt militaire et provoque sans le vouloir de gigantesques bouleversements spatio-temporels
MY SCIENCE PROJECT
1985 – USA
Réalisé par Jonathan Betuel
Avec John Stockwell, Danielle von Zerneck, Fisher Stevens, Raphael Sbarge, Richard Masur, Dennis Hopper
THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I DINOSAURES
Les Aventuriers de la quatrième dimension commence en 1957. Sur la base de Dawson, dans le Nebraska, un général présente un mystérieux engin extra-terrestre au président Eisenhower, qui ordonne aussitôt qu’on s’en débarrasse. Deux décennies plus tard, nous faisons la connaissance de Mike Harlan (John Stockwell), dont les deux problèmes majeurs sont ceux des lycéens de son âge : sa petite amie vient de le lâcher et son professeur de sciences Bob Roberts (Dennis Hopper) lui a donné quinze jours pour mettre au point son projet de fin d’études. Avec Ellie Sawyer (Danielle von Zerneck), la bonne élève de la classe, Mike s’introduit clandestinement dans un entrepôt de l’US Air Force où il découvre un engin étrange qui pourrait l’aider pour son projet (le spectateur attentif aura fait le lien avec le prologue situé dans les années 50). Avec l’aide de son ami Vince (Fisher Stevens), Mike parvient à déclencher l’engin sans trop comprendre son fonctionnement. Les premiers phénomènes étranges se produisent alors : l’apparition d’un vase antique, un saut dans le temps de deux heures, le dérèglement de tous les appareils électriques à proximité…
Face aux bizarreries lumineuses qui surgissent de l’appareil, le vérénable Bob s’enflamme : « Je vais vous dire ce que c’est. C’est une déformation de l’espace-temps qui ouvre les portes des autres dimensions et permet de voyager dans le temps et dans l’espace. » Soudain illuminé, le professeur branche l’appareil sur le secteur et d’un coup tout s’emballe. Il est aussitôt aspiré dans la machine, qui va projeter toute la ville dans une nouvelle dimension, bouleverser le cours du temps, malaxer les époques et les imbriquer les unes dans les autres. Un dinosaure, Cléopâtre, des guerriers antiques, des Viet-Congs et des hommes préhistoriques envahissent bientôt le lycée. Le problème principal du film est le choix de ses acteurs lycéens, sans charisme, sans présence, sans rien d’intéressant à défendre. Héros deux ans plus tôt de Christine, John Stockwell se contente ici de grimacer en cherchant à composer un cancre sympathique, tandis que les « premiers de la classe » rivalisent de poncifs derrière leurs énormes lunettes. L’ombre de Breakfast Club, sorti sur les écrans américains quelques mois plus tôt, plane évidemment sur ces adolescents en bute à l’autorité, mais en l’absence point de vue et de personnages dignes de ce nom, l’esprit insufflé par John Hugues s’évapore. Les dialogues sont souvent stupides, les pires étant probablement ceux prononcés par l’insupportable de Vince.
Un tyrannosaure dans le gymnase
Ce sont finalement les phénomènes fantastiques qui restent les plus mémorables dans le film, visualisés par des effets en vogue dans les années 80, notamment ces fameux arcs électriques en rotoscopie. Les hommes de Néanderthal maquillés par Lance Anderson s’avèrent franchement impressionnants. Cela dit, la meilleure scène est probablement celle du tyrannosaure dans le gymnase, une figurine mécanique animée par Doug Beswick. « En fait, l’équipe du film souhaitait utiliser une marionnette miniature parce que la séquence du Rancor du Retour du Jedi les avait assez impressionnés, et ils faisaient confiance à cette technique », raconte Beswick. « Le tyrannosaure était en fait un modèle miniature de cinquante centimètres de haut manipulé avec des baguettes dans un décor miniature. Les acteurs ont été filmés séparément devant un fond bleu puis incrustés dans l’image. Nous avons également fabriqué une version inerte grandeur nature du tyrannosaure pour la fin de la séquence, lorsque les héros sont à proximité de son cadavre. » (1) Même si la stop-motion aurait sans doute donné un résultat plus dynamique, la séquence fait son petit effet. Elle incita même James Cameron à embaucher Doug Beswick l’année suivante pour animer la version miniature de la reine d’Aliens selon le même procédé. Mais malgré ces quelques morceaux de bravoure et une prestation délectable de Dennis Hopper (affublé de la même tenue que celle qu’il portait dans Easy Rider après son voyage dans les années 60), Les Aventuriers de la quatrième dimension n’est qu’une comédie pataude et anecdotique. Et dire qu’il fallut une quinzaine de versions avant d’aboutir au scénario définitif !
(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998
© Gilles Penso
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