ZATHURA, UNE AVENTURE SPATIALE (2005)

Deux jeunes garçons découvrent un jeu de société dont chaque tour déclenche l’irruption de robots et d’extra-terrestres reptiliens…

ZATHURA : A SPACE ADVENTURE

 

2005 –  USA

 

Réalisé par Jon Favreau

 

Avec Josh Hutcherson, Jonah Bobo, Tim Robbins, Kristen Stewart, Dax Shephard et la voix de Frank Oz

 

THEMA JOUETS I MONDES VIRTUELS ET MONDES PARALLELES I EXTRA-TERRESTRES I ROBOTS

Si le pitch vous rappelle Jumanji, c’est tout à fait normal puisque Zathura est une pseudo-suite tirée d’un autre roman de Chris Van Allburg, auteur et illustrateur de livres pour enfants à qui l’ont doit aussi Le Pôle express. Jumanji ayant été une affaire plus que rentable en 1995 pour Columbia, le studio envisage très tôt une suite, même si l’épilogue du film original n’appelait pas de suite directe, en tout cas pas avec les mêmes personnages. Or, force est reconnaitre que la présence de Robin Williams en tête d’affiche avait largement contribué au succès du film. Une « vraie » suite aurait également présenté un gros risque de redite, l’avancée technologique en matière d’effets spéciaux numériques ne pouvant justifier à elle seule de ressortir le même bestiaire animalier de sa boîte de jeu. Mais tout comme la Nature a horreur du vide, les studios ont horreur de ne pas pouvoir faire de suites : la « solution » consiste donc à conserver le concept de Jumanji et de remplacer le jeu-titre par un autre, Zathura, dont la thématique spatiale permet de substituer aux lions et éléphants des robots et des extra-terrestres, et la pluie de mousson à une pluie de météorites.

Walter (Josh Hutcherson) et Danny (Jonah Bobo) sont deux frères tout ce qu’il y a de plus banals : le petit suit le grand comme son ombre et l’idolâtre ; le grand, un pied dans l’âge ingrat, prétend ne plus s’intéresser aux enfantillages du plus jeune. Suite au divorce de leurs parents, nous les retrouvons au moment où ils passent leur premier week-end dans la nouvelle maison de leur père (Tim Robbins). Celui-ci, tenu par des obligations professionnelles, doit s’absenter, les laissant sous la surveillance de leur grande sœur Lisa (Kristen Stewart). Danny découvre alors une étrange boîte de jeu à la cave : Zathura. Évidemment, après avoir activé le mécanisme lui permettant d’avancer son pion, d’étranges phénomènes se produisent : un robot cousin du Robby de Planète interdite fait irruption dans le salon et leur maison se trouve propulsée dans l’espace où les enfants vont se retrouver confrontés à des lézards humanoïdes. Là ou Jumanji ajoutait des péripéties au roman et en aérait le récit original, Zathura se tient à la très brève histoire du livre, constituant une trame bien légère pour un scénario pourtant signé David Koepp, à qui l’on doit Jurassic Park, L’Impasse, Spider-Man ou encore le très bon Hypnose. L’intrigue est linéaire et répétitive, sans surprise. Il faut toutefois reconnaitre l’exposition réussie des personnages, les deux jeunes acteurs s’avérant convaincants dans leurs rôles de « All American Kids » dans la tradition Amblin. Josh Huchterson, qui incarne l’aîné et tient ici son premier rôle principal, connaitra une carrière d’enfant-star bien remplie, jusqu’à son rôle de Peta dans la saga Hunger Games. Coïncidence de casting : Zathura se paye une autre future star d’une saga pour adolescents, en l’occurence Kirsten Stewart,  pas encore affublée de la désobligeante réputation d’actrice la plus inexpressive du monde…

Jon Favreau vs. Joe Johnston

Doté d’un budget somme toute confortable de 65 millions de dollars, Zathura ressemble malheureusement plus à une suite « direct-to-video » qu’à un blockbuster pour grand écran. Deux raisons principales à cela : l’aspect étriqué du scénario (toute l’action se déroule dans la maison) et le caractère puéril de l’ensemble. Derrière la caméra, Jon Favreau, qui signe là son troisième film, fait preuve d’une saine approche dans sa volonté de mêler effets pratiques et images de synthèse. À ce titre, le travail de l’atelier de Stan Winston est parfaitement intégré et mis en valeur. On appréciera le look des lézards, qui évite habilement le syndrome du simple « homme en costume ». Mais malgré la relative sophistication technique, l’impression d’avoir affaire à un téléfilm reste prégnante, un reproche que l’auteur de ces lignes se permettra d’appliquer également au Iron Man que Favreau réalisera quelques années plus tard. Zathura marque sa première incursion majeure dans l’univers des effets visuels, un domaine dont il s’est un peu trop vite auto-proclamé le roi incontesté depuis ses remakes « live » du Livre de la jungle et du Roi lion. Car tout bon technicien et promoteur de ces techniques « innovantes » qu’il soit (le cyclorama à LED du Mandalorian reste un cyclorama), le film qui nous intéresse aujourd’hui révélait déjà ses limites en tant que metteur en scène : appliqué certes, mais pas inspiré. Et si Zathura n’arrive pas à la cheville de Jumanji, il en va de même pour Jon Favreau vis-à-vis de Joe Johnston.

 

 © Jérôme Muslewski

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