LE FANTASTIQUE HOMME COLOSSE (1957)

Imaginez l’exact opposé de L’Homme qui rétrécit : un militaire exposé à des radiations grandit jusqu’à devenir gigantesque…

THE AMAZING COLOSSAL MAN

 

1957 – USA

 

Réalisé par Bert I. Gordon

 

Avec Glenn Langan, Cathy Downs, William Hudson, James Seay, Larry Thor, Russ Bender, Lynn Osborn, Diana Darrin

 

THEMA NAINS ET GÉANTS

Le Fantastique homme colosse marque les débuts de la collaboration de Bert I. Gordon avec la compagnie de production AIP. Agréablement surpris par The Cyclops, le producteur James Nicholson demanda ainsi au cinéaste d’imaginer un film du même acabit. Et tandis que le cinéaste griffonnait une ébauche de scénario, Nicholson avait déjà fait dessiner un poster et trouva lui-même un titre percutant : The Amazing Colossal Man ! L’allusion à The Incredible Shrinking Man (L’Homme qui rétrécit) était d’autant plus assumée que ce Fantastique homme colosse prend l’exact contre-pied du chef d’œuvre de Jack Arnold. Tout commence dans le désert du Nevada, où l’armée américaine expérimente une bombe au plutonium. Les militaires sont sagement rangés dans des tranchées, mais un avion de tourisme en difficulté atterrit en catastrophe sur le site. N’écoutant que son courage, le lieutenant-colonel Glenn Manning (Glenn Langan) se précipite pour sauver le pilote et se retrouve au cœur de l’explosion.

Sans doute Stan Lee et Jack Kirby, créateurs de l’Incroyable Hulk, se laissèrent-ils inspirer par ce prologue, car les origines de la transformation du docteur Bruce Banner en géant vert sont en tout point similaires. Gravement brûlé, Manning survit miraculeusement à ses blessures mais développe un symptôme inattendu : chaque jour, il grandit de trois mètres ! Avec force explications scientifiques, et avec l’aide de schémas et de maquettes délicieusement naïfs, le docteur Lindstrom (William Hudson) explique à Carol (Cathy Downs), la fiancée du malheureux irradié, comment ses cellules se multiplient, et pourquoi son cœur ne grandit pas aussi vite que le reste de son corps. Les premiers effets spéciaux utilisés sont rudimentaires mais fonctionnent assez bien : un décor de chambre miniature, quelques incrustations habiles et une poignée de rétroprojections, supervisés comme toujours par Bert I. Gordon avec l’aide de son épouse Flora.

Un croisement entre Monsieur Propre et King Kong

Peu à peu, la raison de Manning vacille. Lorsqu’il déclare à un sergent venu l’alimenter « ce n’est pas moi qui grandis, c’est toi qui rapetisses », on sent bien que les choses vont mal tourner. Effectivement, le colosse, chauve comme Monsieur Propre, gras comme un catcheur mexicain et haut de douze mètres, s’échappe bientôt et sème la panique à Las Vegas. La séquence paie son tribut à King Kong, qui demeure l’une des influences majeures du réalisateur. Manning détruit ainsi les bâtiments, épie une jeune femme dans son bain, enlève sa fiancée, et tient la dragée haute aux autorités du haut du gigantesque barrage de Boulder Dam. L’impact de ce climax est hélas amenuisé par des trucages maladroits qui ont tendance à donner au colosse les allures d’un fantôme transparent. Si l’on retiendra du film quelques scènes gentiment cocasses, comme les savants trimballant une énorme seringue pour injecter un antidote au monstre, ou ce chameau et cet éléphant miniaturisés qui servent de cobayes aux scientifiques, Le Fantastique homme colosse se distingue surtout par le caractère pathétique de son récit, fort bien véhiculé par le comédien Glenn Langan dont ce sera le seul titre de gloire.

 

© Gilles Penso

 

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