L’ANGE DU MAL (1985)

Une nouvelle adaptation glaçante du roman « La Mauvaise graine » conçue directement pour le petit écran…

THE BAD SEED

 

1985 – USA

 

Réalisé par Paul Wendkos

 

Avec Carrie Wells, Blair Brown, Lynn Redgrave, David Carradine, Richard Kiley, David Ogden Stiers, Chad Allen, Eve Smith, Carol Locatell

 

THEMA ENFANTS

La Mauvaise graine de Mervyn LeRoy est un classique, l’un des tout premiers jalons d’un sous-genre du cinéma d’épouvante consacré à l’enfance maléfique. Adapté de la pièce du même nom écrite par Maxwell Anderson, le film de LeRoy fait trente ans après sa sortie l’objet d’un remake télévisé qui entend bien retrouver l’esprit de la source littéraire originale. Retitré L’Ange du mal pour sa diffusion française, ce second Bad Seed est écrit et produit par le vétéran de la TV américaine George Eckstein (auteur de nombreux épisodes des Incorruptibles, Le Fugitif, Les Envahisseurs, producteur du Duel de Steven Spielberg) et réalisé par Paul Wendkos (qui signa l’étrange film d’horreur Satan, mon amour !). Carrie Wells incarne Rhoda Penmark, une enfant modèle de neuf ans qui fait la joie et l’admiration de tous. Mais sa mère Christine (Blair Brown) est de plus en plus troublée par les nombreux incidents frappant leur entourage. Et si Rhoda n’était pas l’ange qu’elle semble être mais un démon machiavélique aux pulsions homicides ? C’est en tout cas ce que semble penser Leroy, le domestique simple d’esprit qu’incarne David Carradine. À ses côtés, Lynn Redgrave incarne Eileen Heckart, une mère endeuillée par la mort de son fils dont la noyade pendant un pique-nique avec Rhoda est officiellement accidentelle. Mais l’est-elle vraiment ?

Le thème de l’enfant monstre ayant connu de nombreuses variantes depuis La Mauvaise graine originale, Paul Wendkos évite d’emprunter les lieux communs du genre, préférant l’angoisse hyperréaliste aux codes habituels du film d’épouvante. L’impact de son film n’en est que plus grand. La mise en scène sobre et naturaliste s’autorise parfois quelques effets de style suggestifs, comme la prise de vue en plongée qui s’élargit sur le groupe d’enfants après la mort du petit garçon, mais aussi un jeu intéressant sur les avant-plans. Cette nouvelle version s’éloigne ainsi ouvertement de la scénographie très théâtrale du film original. La bande originale de Paul Chihara (La Course à la mort de l’an 2000) joue de son côté la carte de la rupture, opposant les mélodies douces au piano ou à la guitare avec des contrepoints pesants joués par les violons et la contrebasse, tout en déclinant d’intéressantes variations sur « La Lettre à Élise » de Beethoveen, le morceau que joue la petite Rachel à ses heures perdues, c’est-à-dire entre deux meurtres.

Un si gentil petit monstre

Le scénario d’Eckstein reprend à son compte l’interrogation liée à la nature héréditaire du Mal, lorsque Christine découvre qu’elle est elle-même la fille d’un tueur condamné et donc potentiellement porteuse du « gène de l’assassin ». La psychopathie meurtrière se transmet-elle ? Saute-t-elle les générations ? L’un des défauts majeurs de La Mauvaise graine de 1956 était son dénouement artificiel moralisateur, un écueil que cette adaptation télévisée évite en restant fidèle à la chute écrite originellement par Maxwell Anderson. Toutes ces belles intentions ne rendent pas L’Ange du mal supérieur à La Mauvaise graine, loin s’en faut, d’autant que certains tics inhérents aux téléfilms des années 80 amenuisent souvent son impact. Il n’en demeure pas moins que Paul Wendkos soigne sa mise en scène, construisant un climat de malaise qui va crescendo jusqu’à son final déroutant. Diffusée à l’origine le 7 février 1985 sur la chaîne ABC, ce téléfilm tombé dans l’oubli mérite d’être redécouvert.

 

© Gilles Penso

 

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