GAMERA CONTRE JIGER (1970)

Un dinosaure volant aux pouvoirs paranormaux, gardien d’une antique civilisation, affronte la tortue Gamera en pleine Exposition Universelle

GAMERA TAÏ JAIGAR

 

1970 – JAPON

 

Réalisé par Noriaki Yuasa

 

Avec Tsumotu Takakuwa, Kelly Varis, Katherine Murphy, Kon Ohmura

 

THEMA REPTILES ET VOLATILES I DINOSAURES I SAGA GAMERA

Articulé autour d’une intrigue originale et ancré dans son actualité internationale, ce sixième épisode consacré à la tortue géante Gamera relève le niveau de la saga en nous offrant une collection de séquences fort mémorables. Pourtant, le générique de début n’est pas particulièrement engageant. Aux accents d’une chanson naïve s’y enchaînent en effet des extraits issus des films précédents de la série, autrement dit les combats de Gamera contre Barugon, Gyaos, Viras et Guiron. Nous sommes en 1970 et l’Exposition Universelle se prépare fébrilement à Osaka, sur le thème « Progrès et harmonie de l’humanité ». Des inventions venues du monde entier y seront exhibées. À cette occasion, une expédition archéologique décide de ramener une grande statue de l’île de Pâques, baptisée « La Flûte du Démon ». Mais les autochtones craignent une malédiction, et ils ont raison. Car aussitôt, le monstrueux Jiger, ancien gardien de la civilisation Mu, se réveille et sème panique et destruction.

Si un nouveau duo d’enfants américano-japonais tient la vedette dans Gamera contre Jiger, c’est de manière moins hystérique et plus constructive qu’auparavant. D’où la réplique d’un des scientifiques du film : « Grâce aux idées naïves des enfants, les adultes comprennent parfois plus vite ; pour nous, avoir leur liberté d’esprit est impossible. ». Les effets spéciaux eux-mêmes ont repris leur qualité initiale, notamment par l’entremise de belles maquettes (hélicoptères, navires, avions, tanks) et d’un nouveau monstre plutôt réussi. Cette fois-ci, il s’agit de Jiger, un molosse cornu aux vagues allures de tricératops qui s’avère doté de pouvoirs redoutables : il déplace les objets à distance, vole grâce à un jet propulseur issu de sa collerette crânienne, expulse des javelots par l’entremise de ses cornes, lance des jets destructeurs par son nez (qui transforment illico les humains en squelettes), possède des ventouses sur les pattes, un dard redoutable au bout de sa queue, et peut même voguer sur la mer comme un aéroglisseur.

Voyage au centre de la tortue

Gamera a donc maille à partir avec un tel adversaire, et leur premier affrontement, au sein d’un magnifique décor volcanique, bénéficie d’une indéniable photogénie. Certes, la dynamique de combat des hommes costumés reste un peu pataude et engourdie, d’autant que les rétroprojections maladroites peinent à convaincre, mais chaque échauffourée compte bon nombre de surprises et de rebondissements. De plus, le manichéisme généralement de mise s’avère ici plus flou, car malgré ses élans destructeurs, Jiger poursuit un but qui se défend : ramener le vestige archéologique sur son site initial et s’opposer à une civilisation qui considère que le reste du monde est à sa libre disposition. Le final de Gamera contre Jiger est un véritable morceau d’anthologie. Paralysée par le dard de son opposant, la tortue géante s’y écroule sous les eaux. Pour le sauver, les jeunes héros empruntent un bathyscaphe expérimental et entrent à l’intérieur de son corps, dans l’espoir de l’ausculter et le guérir de l’intérieur. Le Voyage fantastique venait de sortir sur les écrans, et cette variante excentrique sur le chef d’œuvre de Richard Fleischer demeure un des moments forts de la saga.

 

© Gilles Penso


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