LE VOYAGE FANTASTIQUE (1966)

Une équipe médicale à bord d'un bathyscaphe se miniaturise pour soigner un patient depuis l'intérieur de son corps

FANTASTIC VOYAGE

1966 – USA

Réalisé par Richard Fleischer

Avec Stephen Boyd, Raquel Welch, Edmond O’Brien, Donald Pleasence, Arthur Kennedy, Arthur O’Connell, William Redfield

THEMA MEDECINE EN FOLIE I NAINS ET GEANTS

L’idée de base du Voyage Fantastique est tellement géniale qu’elle justifie à elle seule le statut de classique de la science-fiction auquel a immédiatement accédé le film de Richard Fleischer (à qui nous devons entre autres Les Vikings et 20 000 lieues sous les mers). Sérieusement blessé au cerveau dans un attentat, le professeur Benes est dans un état critique. Les scientifiques étant impuissants à le soigner, ils décident de tenter une opération inédite qui se pratiquerait depuis l’intérieur par une équipe de médecins miniaturisés introduits dans le corps du malade. En effet, en cette futuriste année 1995, le professeur Benes a inventé un procédé permettant de réduire les humains à des proportions microscopiques pendant soixante minutes. Cinq personnes sont donc introduites dans les veines et doivent, avant qu’une heure ne se soit écoulée, atteindre le cerveau. Il leur faut lutter contre les défenses naturelles de l’organisme mais aussi contre le sabotage d’un des membres de l’équipage. 

En tête de casting, Raquel Welch confirme son statut d’icône sexy du cinéma pop des années 60, troquant la fameuse peau de bête d’Un million d’années avant JC contre une tenue de plongée moulante tout aussi seyante (les deux films étant sortis en salle la même année), tandis que Donald Pleasence assure un rôle de scientifique névrosé qui lui va comme un gant. Curieusement, Fleischer détourne l’excentricité du scénario en adoptant un traitement hyperréaliste et une mise en scène à la limite de l’austérité. Ainsi, la manipulation technique qui permet au submersible de rétrécir nous est décrite avec un luxe de détails et une minutie presque documentaire. Lorsqu’enfin, au bout d’une bonne demi-heure, le submersible pénètre dans l’organisme malade, la rigueur médicale fait place au fantastique pur. La musique symphonique de Leonard Rosenman retentit alors pour la première fois, empruntant ses accents à Igor Stravinsky, le Technicolor dévoile enfin toute sa palette, et le corps humain se mue en véritable parc d’attractions. Bulles en suspension, jungles filandreuses et grottes aquatiques s’animent ainsi dans une série de plans extrêmement graphiques.

Une précision chirurgicale

La qualité des effets visuels joue évidemment beaucoup en faveur de ce récit surréaliste. Ils sont supervisés par un trio de vétérans : L.B. Abbott (La Tour infernale), Art Cruickshank (La Planète des singes) et Emil Kosa Jr (Voyage au centre de la terre). Les séquences d’évolution des comédiens nageant à l’intérieur du corps humain, obtenues en les suspendant par des câbles à l’intérieur d’immenses décors et en les filmant à grande vitesse (afin d’obtenir un ralenti au moment de la projection) ou les jolies maquettes conçues par Marcel Delgado (créateur des figurines de King Kong) s’avèrent bien plus photogéniques que réalistes. Cependant, grâce à la rigueur scientifique du script et à la précision chirurgicale du trajet entrepris par nos protagonistes, le film demeure étrangement plausible. La novélisation du Voyage Fantastique fut confiée à l’immense écrivain de SF Isaac Asimov, lequel prit la liberté de réinterpréter à sa sauce le scénario initial (œuvre conjointe d’Harry Kleiner, David Duncan, Jerome Bixby et Otto Klement) pour en tirer un roman original, qui fut d’ailleurs publié avant même que le film ne sorte en salles.

 

© Gilles Penso

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