L’arbre-monstre charrie de nombreux symboles : la solidité, l’ancienneté, la nature, la sagesse, mais aussi et surtout une idée de transmission, comme le laisse comprendre de manière très explicite la toute fin du film. Conçue à l’aide d’effets visuels remarquables, la créature est magnifique, preuve que les trucages numériques sont rarement aussi beaux que lorsqu’ils se mettent au service de la poésie. Ce sens de l’esthétisme contamine aussi les petites histoires nocturnes, qui prennent vie à l’écran sous forme de splendides aquarelles animées. Contemporain mais atemporel, Quelques minutes après minuit est un conte de fée atypique, un peu morbide, un peu sinistre. La tristesse y est omniprésente, mais elle est transcendée par cette idée que le monde de l’imaginaire peut aider un enfant à vivre les moments les plus douloureux de son existence, à braver ses peurs, à accepter l’inacceptable, à assumer ses pensées les plus intimes, si confuses semblent-elles, et à aller de l’avant malgré tout. C’est un film rare, unique, qui ne pouvait pas plaire à tout le monde et qui ne remporta donc qu’un succès d’estime, malgré d’excellentes critiques partout dans le monde.
© Gilles Penso