SUPERGIRL (1984)

La petite cousine de Superman prend son envol dans cette aventure infantilisante qui restera sans suite…

SUPERGIRL

 

1984 – USA / GB

 

Réalisé par Jeannot Szwarc

 

Avec Helen Slater, Faye Dunaway, Peter O’Toole, Mia Farrow, Simon Ward, Brenda Vaccard, Peter Cook, Mark McClure

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA DC COMICS

Dans la foulée de Superman 3, les producteurs Alexander et Ilya Salkind décident de décliner la franchise qu’ils ont su porter aux nues en s’intéressant à la petite cousine du super-héros en rouge et bleu. Pour le Supergirl qu’ils ont en tête, ils aimeraient solliciter à la mise en scène Richard Lester ou Robert Wise, mais tous deux déclinent la proposition. Sous les conseils de Christopher Reeve, qui a apprécié son travail sur Quelque part dans le temps, les Salkind font finalement appel au réalisateur français Jeannot Szwarc, dont le savoir-faire sautait déjà aux yeux dans Les Insectes de feu et Les Dents de la mer 2ème partie. Le problème, c’est que Reeve lui-même finit par refuser de jouer dans le film, ce qui bouleverse le scénario initialement prévu (Supergirl devait venir à sa rescousse) ainsi que la campagne marketing qui ne peut donc plus s’appuyer sur sa présence. Côté casting, le seul lien entre Supergirl et les trois films précédents est finalement assuré par Mark McClure, l’interprète du reporter Jimmy Olsen. Les Salkind se rabattent sur quelques guest-stars de renom comme Faye Dunaway en super-vilaine exubérante, Peter O’Toole en mentor de l’héroïne et Mia Farrow dans le rôle de sa mère. Pour incarner la justicière aux super-pouvoirs, la politique est la même que sur le premier Superman, autrement dit le choix d’un visage inconnu. Après avoir auditionné des centaines de postulante, la production opte pour Helen Slater, alors à peine âgée de 21 ans.

Tourné entièrement à Londres, notamment dans les célèbres studios Pinewood, Supergirl commence dans la cité spatiale d’Argo City et annonce très tôt la couleur : la subtilité ne sera pas au rendez-vous. En effet, le film multiplie dès son entame les péripéties absurdes et les rebondissements invraisemblables. Artiste parfaitement improbable, Peter O’Toole subtilise pour ses travaux l’Omegahedron, une pierre magique aux pouvoirs immenses. Son élève Kara (Helen Slater), la lui emprunte pour créer un papillon, mais ce dernier s’envole, brise les parois de la cité et propulse la pierre magique dans l’espace. La jeune fille emprunte alors un vaisseau spatial et part à sa recherche. Dès qu’elle arrive sur Terre, hop, la voilà soudain revêtue sans la moindre explication de sa panoplie de super-héroïne : la combinaison rouge et bleu avec un gros S, la cape, les bottines, la jupette, tout y est. Nous apprendrons d’ailleurs par la suite qu’elle est capable de changer de tenue à volonté (elle arborera ainsi un uniforme d’écolière surgi de nulle part). Parallèlement, voilà que l’Omegatruc tombe littéralement du ciel jusque sur la nappe de pique-nique de Selena (Faye Dunaway), une voyante mégalomane qui dit à qui veut l’entendre qu’elle rêve de dominer le monde. Le hasard faisant décidément bien les choses, Kara se fait passer pour une étudiante dans l’établissement où enseigne le mentor de Selena (Peter Cook) et devient colocataire de Lucy Lane (Maureen Teefy), la sœur de Loïs Lane. Le scénario de David Odell part donc dans tous les sens en accumulant les énormités sans la moindre retenue.

Le début de la fin

Si Jeannot Szwarc parvient à emballer quelques séquences d’action solidement mises en scène (l’enchaînement de catastrophes de la pelleteuse « hantée » par exemple), rien ne les justifie vraiment d’un strict point de vue narratif. D’autant que l’affrontement entre Supergirl et Selena se résume finalement à un crêpage de chignons pour les beaux yeux d’un jardinier musclé (Hart Bochner) ! Comme enjeu dramatique, on a connu plus palpitant ! Plus le film avance, plus la puérilité s’installe. Faye Dunaway cachetonne en cabotinant sans garde-fou, son personnage déployant des pouvoirs magiques dont la cohérence est toute relative (de la télékinésie, des philtres d’amour, une sorte de monstre géant diabolique, beaucoup de fumigènes et de lumières clignotantes). Quant à sa colocataire/confidente/comparse (Brenda Vaccaro), on se demande encore à quoi elle sert dans le film. Au milieu de ce fatras sans queue ni tête, Helen Slater s’en sort plutôt bien, sa prestation candide apportant une touche rafraîchissante bienvenue. Il faut aussi souligner le travail du compositeur Jerry Goldsmith qui, dans la continuité des travaux grandioses et symphoniques de John Williams, concocte un tout nouveau thème héroïque qu’il décline tout au long de sa très belle bande originale. Comme on pouvait s’y attendre, Supergirl ne fait pas beaucoup d’éclat au box-office. Superman 3 n’ayant pas non plus rempli les tiroir-caisse, les Salkind décident de revendre les droits des personnages à Cannon Films, qui initiera l’impayable Superman 4 enterrant définitivement la franchise.

 

© Gilles Penso


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