LE CHAT CHAPEAUTÉ (2002)

Dans cette adaptation colorée d’un classique de Dr Seuss, Mike Myers entre dans la peau d’un félin excentrique…

THE CAT IN THE HAT

 

2002 – USA

 

Réalisé par Bob Welch

 

Avec Mike Myers, Alec Baldwin, Kelly Preston, Dakota Fanning, Spencer Breslin, Amy Hill, Sean Hayes, Danielle Chuchran

 

THEMA CONTES

Malgré sa relative médiocrité, Le Grinch remporta un immense succès et incita le producteur Brian Grazer à adapter un autre conte classique la littérature pour enfants, signé cette fois-ci Dr. Seuss. Dès les premières secondes du Chat chapeauté, au cours desquels les logos Dreamworks et Imagine apparaissent sous forme de dessins animés, le film de Bo Welch laisse présager quelque chose de plus consistant que l’opus caricatural de Ron Howard. Les partis pris artistiques sautent immédiatement aux yeux par leur audace et leur caractère volontairement excessif. Tout y est coloré avec exubérance, très aseptisé, parfaitement ordonné. On se croirait dans le monde en papier peint décrit par le romancier Raphaël Lafferty dans « Le Monde comme volonté et revêtement mural ». Cette réussite visuelle est à mettre en grande partie au crédit du chef décorateur Alex McDowell (Blade Runner, Minority Report). « Dans le cas du Chat chapeauté, le travail de design a quasiment été partagé entre le réalisateur et moi », explique-t-il, « car Bo Welch était à la base l’un des meilleurs chefs décorateurs de son temps avant de passer à la mise en scène. » (1) Welch signa en effet les décors d’une bonne trentaine de longs-métrages comme Génération perdue, Beetlejuice, S.O.S. fantômes 2, Edward aux mains d’argent, Batman le défi ou Men in Black.

C’est dans cet univers improbable et multicolore qu’évolue Joan Walden (Kelly Preston), employée dans l’agence immobilière de l’excentrique Mister Humberfloop (Sean Hayes) obsédé par l’ordre et l’hygiène. Les deux enfants de Joan sont Sally (Dakota Fanning) et Conrad (Spencer Breslin). La première est une fillette trop sage, le second un garnement surexcité qui s’amuse à effectuer des cascades à domicile. Quant au voisin de Joan, Lawrence Queen (Alec Baldwin), il la drague sans finesse tout en l’incitant à inscrire Conrad dans une école militaire pour jeunes gens turbulents. Un après-midi, alors que Joan laisse les enfants sous la responsabilité d’une baby sitter taïwanaise narcoleptique, un chat bipède grand comme un homme, coiffé d’un chapeau et extrêmement bavard fait son apparition.

Sur les traces de Jim Carrey

C’est à partir de là que Le Chat chapeauté commence à battre de l’aile. Car le maquillage du facétieux félin, pourtant œuvre du talentueux Steve Johnson, ressemble à un déguisement issu d’un magasin de farces et attrapes. Quant à Mike Myers, un tantinet ventripotent pour le rôle, il semble vouloir imiter le jeu cartoonesque de Jim Carrey sans vraiment y parvenir. Étant donné que les deux comédiens n’ont pas vraiment le même registre comique, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’une erreur de casting (d’autant qu’à l’origine, c’est Tim Allen qui était pressenti pour le rôle). Dès lors, le film devient lourd, les gags pesants, et le spectacle de Myers accumulant des mimiques ridicules en devient presque embarrassant. Ces problèmes sont évidemment accentués par l’anémie du scénario, se résumant à la mésaventure des deux enfants qui s’efforcent de réparer les catastrophes du chat chapeauté dans leur maison avant l’heure fatidique où leur mère devra donner une réception avec son patron et ses collègues de travail. Et même si Myers joue chaque fois qu’il le peut la carte du second degré et de l’autodérision, le conte demeure terriblement moralisateur et dégouline de bons sentiments. Du coup, l’aseptisation et la banalité qu’il semblait condamner deviennent finalement les normes idéales à l’issue du récit.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2005

 

© Gilles Penso

 

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