L’ÉLUE (2000)

Le réalisateur de The Mask confronte Kim Basinger à une secte satanique préparant le retour du diable sur Terre…

BLESS THE CHILD

 

2000 – USA

 

Réalisé par Chuck Russell

 

Avec Kim Basinger, Jimmy Smits, Rufus Sewell, Christina Ricci, Ian Holm, Holliston Coleman, Angela Bettis, Miichael Gaston

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

Marchant sur les traces de La Malédiction, L’Élue s’efforce de traiter la thématique du diable et de ses apôtres sous le jour le plus réaliste possible. Kim Basinger y incarne Maggie O’Connor, une infirmière qui se retrouve du jour au lendemain avec un bébé sur les bras, celui de sa sœur Jenna (Angela Bettis) qui s’enfuit sans laisser de traces le soir de Noël. Devenue sa mère adoptive, Maggie élève la petite Cody jusqu’à l’âge de six ans. Là, Jenna fait sa réapparition et réclame la garde de sa fille. Elle est désormais mariée à Eric Stark (Rufus Sewell), ancienne star d’une série TV genre Happy Days reconvertie en gourou d’une puissante secte baptisée « l’aube nouvelle », et qui n’est pas sans rappeler la bonne vieille scientologie. Maggie n’est pas très rassurée par ce couple improbable, mais bien vite Cody est kidnappée. Tandis que l’inspecteur John Travis (Jimmy Smits) mène l’enquête, il devient clair que « l’aube nouvelle » est un culte satanique. Cody possédant des pouvoirs littéralement divins, Stark entend bien la pervertir pour qu’elle puisse servir son maître au front cornu et à la queue fourchue.

Le point de départ n’est pas inintéressant, mais il est d’emblée desservi par l’interprétation faible de Kim Basinger. Cette dernière, d’une expressivité toute relative, réagit mollement aux événements, notamment lorsque Christina Ricci, dans le rôle d’une ancienne adepte de la secte, lui en décrit les atroces agissements, notamment l’assassinat récent d’une série d’enfants. Jimmy Smits, de son côté, joue le flic avec efficacité mais sans éclat, suivant tranquillement la trace du personnage qu’il incarnait dans la série N.Y. Police Blues. Reste Rufus Sewell, ex-héros de Dark City, qui s’avère très convaincant en gourou charismatique et malfaisant, ainsi que la petite Holliston Coleman, débordant de naturel dans le rôle de Cody. Quelques séquences choc ponctuent le récit, comme la décapitation dans le métro, le meurtre aux aiguilles à tricoter (!), la voiture lancée à vive allure sur une autoroute à contresens, la horde de rats qui envahissent le lit de Cody ou encore les nuées de gargouilles en 3D qui voltigent dans les cieux.

Une morale de catéchisme

Tout ça se suivrait avec entrain si le film ne se sentait pas obligé de nous délivrer une morale de catéchisme des plus basiques, nous rappelant au passage que c’est l’ultra-catholique Mel Gibson qui produit L’Élue. Le scénario véhicule même un message réactionnaire des plus déplaisants, tout droit sorti de la bouche du curé brièvement interprété par Ian Holm, et qu’on pourrait résumer ainsi : la plus grande victoire du diable est que personne ne croit plus en lui, et que la notion de Mal est devenue politiquement incorrecte. Autrement dit, le film prône le retour à la bigoterie d’antan, à une lecture de la Bible au tout premier degré, et à la croyance manichéenne des notions de bien, de mal, de dieu, de diable, de paradis et d’enfer. On ne s’étonnera donc pas de trouver, au beau milieu des récurrentes hallucinations de Maggie, un Satan fidèle en tout point à l’imagerie d’Épinal la plus commune, ainsi qu’une lumière divine et de jolis anges immaculés. Chuck Russell était tout de même plus enthousiasmant lorsqu’il réalisait des œuvrettes sans prétention comme Freddy 3, Le Blob et The Mask.

 

© Gilles Penso

 

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