À TON IMAGE (2004)

Christophe Lambert entre dans la peau d’un médecin qui joue dangereusement avec la génétique pour que sa femme tombe enceinte…

À TON IMAGE

 

2004 – FRANCE

 

Réalisé par Aruna Villiers

 

Avec Nastassja Kinski, Christophe Lambert, Audrey de Wilder, Rufus, Andrzej Seweryn, Francine Bergé, Lyes Salem

 

THEMA DOUBLES I MÉDECINE EN FOLIE

Produit par Luc Besson, À ton image est l’œuvre de deux collaborateurs réguliers de Jean-Pierre Jeunet : le scénariste Guillaume Laurant, co-auteur du Fabuleux destin d’Amélie Poulain et d’Un long dimanche de fiançailles, et la réalisatrice Aruna Villiers, scripte de Delicatessen, La Cité des enfants perdus et Alien la résurrection. Le point de départ, inspiré d’un roman de Louise L. Lambrichs, évoque beaucoup celui de La Malédiction, si ce n’est que l’argument diabolico-théologique a ici cédé le pas au bon vieux thème de l’apprenti-sorcier. Christophe Lambert y incarne Thomas, un obstétricien bien sous tous rapports qui s’éprend de Mathilde (Nastassja Kinski), une jeune femme blessée par un passé douloureux. Sans plus tarder, les deux tourtereaux s’installent ensemble et se marient. Tout serait merveilleux si un bambin babillant se mêlait au joyeux couple. Hélas, il faut bientôt se rendre à l’évidence :  Thomas et Mathilde ne peuvent pas avoir d’enfant. La déception se mue bientôt en résignation, mais dans la tête de Thomas, les choses ne sont pas si simples. Le médecin sait en effet que le clonage a fait des progrès considérables.

Et si un peu d’ADN prélevé sur son épouse servait à la conception d’un nouveau-né d’un genre nouveau ? Éthiquement, c’est évidemment contestable, mais le sauvetage de leur couple n’en vaut-il pas la peine ? La tentation est grande, et notre obstétricien finit par craquer. Mathilde tombe donc enceinte et accouche d’une jolie petite Manon sans se douter de sa nature eugénique. En grandissant, le clone se mue en adolescente et manifeste un comportement de plus en plus troublant. Ce n’est pas l’antéchrist mais presque, preuve qu’en matière de science-fiction, lorsque l’homme se substitue à Dieu, le diable n’est jamais très loin. Mignonne, brillante, très ressemblante à sa mère (et pour cause !), Manon a des accès de violence incontrôlables, comme lorsqu’elle tente de noyer un de ses camarades de classe dans une piscine. Quand elle révèle finalement sa véritable nature, machiavélique et psychopathe, Thomas est bien obligé de révéler à son épouse qu’il ne s’agit pas d’une enfant comme les autres…

L’apprenti-sorcier

Le sujet d’À ton image soulève donc une foule de questions passionnantes, d’autant que le clonage et le dédoublement ne sont généralement pas traités sous cet angle. Mais le scénario n’évolue guère au-delà du prévisible, la mise en scène est avare en innovations et les comédiens manquent singulièrement de conviction, à l’exception de la jeune Audrey de Wilder, seule à vraiment tirer son épingle du jeu. On sent bien que Christophe Lambert cherche ici à échapper à l’étiquette du cinéma d’action de seconde zone qui lui colle à la peau, mais sa prestation reste très ordinaire, tout comme celle de Nastassja Kinski qui assure le service minimum. C’est dommage, car en de furtifs moments, À ton image se permet de jolies audaces visuelles, comme ces cellules vues au microscope qui se muent progressivement en cour de récréation agitée, ou ces gros plans d’entrailles du corps humain (œuvre des maquilleurs spéciaux Jean-Christophe Spadaccini et Denis Gastou). Pour le reste, l’œuvre demeure très anecdotique, affublée de surcroît d’une musique assez horripilante.

 

© Gilles Penso

 

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