ATOR LE GUERRIER (1987)

Une calamiteuse imitation de Conan le barbare qui mange à tous les râteliers, de Superman à Indiana Jones en passant par Star Wars !

ATOR IL GUERRIERO DI FERRO / IRON WARRIOR

 

1987 – ITALIE / USA

 

Réalisé par Alfonso Brescia

 

Avec Miles O’Keeffe, Savina Gersak, Tim Lane, Elisabeth Kaza, Tiziana Altieri, Conrad Borg, Malcolm Borg, Josie Coppini

 

THEMA HEROIC FANTASY

Tardive démarcation de Conan le barbare, cet inénarrable Ator le guerrier, vague séquelle de deux autres Ator réalisés par Joe d’Amato, n’a pas grand-chose pour séduire. Le scénario lui-même est un joyeux fourre-tout, parfois exagérément linéaire, d’autres fois parfaitement confus, comme au moment de son dénouement tout à fait incompréhensible. La scène d’introduction nous familiarise avec un Ator encore enfant, qui joue à la baballe avec son frère jumeau jusqu’à ce que celui-ci ne soit kidnappé sur les ordres de la sinistre sorcière Phedra (Elisabeth Kaza). Celle-ci n’est pas là pour rire, ne reculant devant aucun proverbe funeste pour se faire comprendre : « La vie est une illusion, la mort est réelle », professe-t-elle ainsi solennellement. Dix-huit ans après le drame, Ator (Miles O’Keeffe) est devenu un grand gaillard aux traits émaciés, affublé d’une longue tignasse très féminine et d’un costume visiblement hérité du Musclor des Maîtres de l’univers. Défenseur de la veuve et de l’orphelin, Ator sauve la vie d’une jolie princesse dont le trône a été usurpé par un imposteur, et se heurte dès lors aux maléfices de Phedra, flanquée du redoutable guerrier Trogar (Franco Daddi) qui semble invincible.

À vrai dire, le film se contente d’accumuler sans le moindre scrupule des séquences fidèlement photocopiées sur d’autres films à succès. La sorcière est condamnée par un tribunal cosmique pour répondre de ses nombreux crimes (comme dans Superman le film), Ator couche dans une cabane avec une jolie fille qui s’avère être une sorcière (comme dans Conan le barbare), se retrouve sur un pont suspendu au-dessus d’une falaise dont les cordages sont coupés à la machette (comme dans Indiana Jones et le temple maudit), récupère un objet sacré dans un temple qui menace dès lors de s’écrouler et se retrouve poursuivi par une énorme pierre qui roule (comme dans Les Aventuriers de l’arche perdue) et affronte régulièrement à l’épée Trogar, dont la grande cape noire, le casque en forme de crâne et la respiration étouffée nous renvoient directement à Dark Vador.

Star Trek au synthétiseur

Sans parler de cette musique assez catastrophique, notamment celle du générique qui imite au synthétiseur le thème de Star Trek écrit par Jerry Goldsmith ! Le compositeur Carlo Maria Cordio se dissimulera d’ailleurs derrière un nom d’emprunt aux accents américains, en l’occurrence Charles Scott. Visiblement conscient des faiblesses de son script, Alfonso Brescia (roulant des mécaniques sous le pseudonyme yankee d’Al Bradley) tente d’en cacher la misère en abusant d’effets de style incongrus : ralentis, jump-cut, filtres colorés… Quant aux séquences de combat, elles s’avèrent terriblement mollassonnes, d’autant que par moments Miles O’Keeffe est doublé de manière outrageusement visible. Diable, si cet homme n’est pas capable d’effectuer ses cascades tout seul, pourquoi a-t-il été choisi ? Pas pour ses talents de comédien tout de même ! Bref, pas grand-chose à sauver de ce triste Ator le guerrier, à l’exception peut-être de ses très beaux décors extérieurs captés sur l’île de Malte.

 

© Gilles Penso


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