Conçu comme un conte de fées moralisateur, Bruce tout-puissant véhicule un message pour le moins douteux, qui semble d’abord être le classique « aide-toi et le Ciel t’aidera » mais qui s’avère plutôt pencher vers le « au lieu de t’évertuer à faire le bien autour de toi, pense d’abord à ton propre bonheur ». Édifiante, cette ode à l’égoïsme n’est même pas tempérée par un second degré salvateur. Car le scénario opte pour une tonalité binaire, soit comique, soit sentimentale, mais jamais les deux en même temps, tandis que la pesante et omniprésente partition de John Debney croit bon de souligner grossièrement chaque effet. Restent quelques effets spéciaux surprenants, comme l’embouteillage qui s’écarte tel la Mer Rouge, le tiroir gigantesque qui contient toutes les informations sur Bruce, les sept doigts dont s’affuble soudain la main de ce dernier ou l’invasion de post-it. Reconnaissons également la réussite d’une poignée de séquences comiques, notamment lorsque le présentateur du JT, rival de Bruce, perd tout contrôle en plein direct et se met à bégayer atrocement, ou lorsque le chien prend l’habitude de faire ses besoins aux toilettes. Mais la majorité des gags, hélas, tombe plutôt à plat, comme cette mauvaise imitation de Clint Eastwood, carrément embarrassante tant elle traîne en longueur. Le bilan est donc plutôt négatif pour ce Bruce tout-puissant qui connut pourtant un succès assez remarquable au box-office américain.
© Gilles Penso