A Lewis Carroll et Alfred Hitchcock, il faut d’ailleurs ajouter d’autres références propres à l’univers de Gilliam lui-même, notamment Bandits Bandits, Fisher King et Las Vegas Parano. Le cinéaste appose ainsi sa patte sur ce récit étrange, matérialisant sa liberté retrouvée par une signature visuelle familière : les prises de vues au grand-angle et au steadicam, déformant les visages et les accompagnant en un flottement perpétuel. Pour visualiser le monde imaginaire de sa jeune protagoniste, Tideland collectionne quelques séquences d’effets spéciaux surréalistes, comme la tête de poupée qui prend vie, la maison immergée sous les flots ou la longue chute dans le terrier. Et pourtant, Tideland cesse trop tôt de captiver son public pour s’enfermer dans une rythmique erratique et répétitive. On sent bien, ça et là, une certaine apologie de l’imagination comme échappatoire à une réalité trop atroce, mais le discours se noie dans une confusion totale, se permettant même de traiter à la légère des thématiques telles que le meurtre, la nécrophilie et la pédophilie. Tideland pèche donc par laxisme, malgré ses indiscutables bonnes intentions.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2009
© Gilles Penso