DARBY O’GILL ET LES FARFADETS (1959)

Sean Connery pousse la chansonnette dans ce conte produit par Walt Disney où s’animent de minuscules créatures magiques…

DARBY O’GILL AND THE LITTLE PEOPLE

 

1959 – USA

 

Réalisé par Robert Stevenson

 

Avec Albert Sharpe, Janet Munro, Sean Connery, Jimmy O’Dea, Kieron Moore, Estelle Winwood

 

THEMA CONTES I NAINS ET GÉANTS

C’est Walt Disney lui-même qui est à l’origine de Darby O’Gill et les farfadets. En 1947, à l’occasion d’un voyage en Irlande, il découvre les folklores locaux et imagine un conte fantastique qui s’en inspirerait. Le premier titre du projet est « Three Wishes » (« Trois vœux »). Le scénario est confié à Lawrence Edward Watkin (L’Île au trésor) et l’on envisage de faire cohabiter des acteurs réels et des personnages en dessin animé, suivant une méthode déjà éprouvée depuis longtemps chez Disney (qui aurait « emprunté » l’idée et la technique à son concurrent Max Fleischer). Le film ne dépasse pourtant pas le stade de l’écriture, et il faut attendre un second voyage de l’oncle Walt en terre irlandaise, une décennie plus tard, pour que le projet redémarre. Très impliqué, Disney étudie attentivement les coutumes et les légendes gaéliques à Dublin et décide de s’appuyer sur le livre pour enfants d’Herminie Templeton Kavanagh « Darby O’Gill and the Good People » publié en 1903. Watkin reste en charge du scénario et le long-métrage se concrétise enfin à la fin des années cinquante. Le tournage est un temps envisagé dans la vallée de San Fernando, mais finalement tous les décors seront construits dans les studios Disney.

Dans un petit village irlandais, le vénérable Darby O’Gill (Albert Sharpe) est employé comme régisseur du domaine du puissant Lord Fitzpatrick (Walter Fitzgerald). Mais à vrai dire, il passe beaucoup moins de temps dans les champs qu’au comptoir de la taverne du coin, où il adore régaler les clients de ses histoires abracadabrantes. Darby clame en effet à qui veut l’entendre qu’au beau milieu d’anciennes ruines, il a fait la rencontre d’un peuple de minuscules farfadets et de leur roi Brian (Jimmy O’Dea) qui lui a accordé trois vœux mais l’a poussé par malice à en exaucer un de plus, annulant tous les précédents. Il avait souhaité un chaudron plein d’or, un champ de pommes de terre et une santé de fer, mais tout s’est évaporé. Autre déconvenue, et pas des moindres : Lord Fitzpatrick a décidé de le remplacer par le jeune Michael McBride (Sean Connery). Michael et Katie (Janet Munro), la fille de Darby, ne sont pas insensibles à leurs charmes respectifs. Mais pour Darby, c’est un coup dur. Un soir, alors qu’il part à la recherche de sa jument, Darby tombe dans un puits et se retrouve à nouveau au milieu du peuple des farfadets…

 

James Bond et les nains de jardin

Si Darby O’Gill est un conte de fées relativement générique, il se distingue par plusieurs éléments qui ont marqué les mémoires. Le premier est bien sûr lié à la présence de Sean Connery, qui traine sur les plateaux de tournage de cinéma et de télévision depuis 1954 mais accède ici pour la première fois à un rôle de première importance. Troquant son accent écossais naturel contre des intonations irlandaises, il fait les yeux doux à Katie, exhibe son plus beau sourire et pousse même la chansonnette. Le second caractère mémorable du film est lié à ses effets spéciaux. Après avoir envisagé l’animation, Disney aura finalement décidé de recourir à des acteurs réels dans le rôle des farfadets. Ce choix laissait imaginer l’emploi de techniques d’effets visuels complexes mêlant les incrustations sur fond bleu et les transparences. Mais les superviseurs des trucages optiques du film, Peter Ellenshaw et Eustace Lycett, optent pour une méthode beaucoup plus astucieuse : la perspective forcée. Les acteurs « humains » sont donc placés près de la caméra, les acteurs « farfadets » beaucoup plus loin dans des décors surdimensionnés. L’astuce consiste alors à aligner parfaitement les regards et les portions de décors pour que l’illusion soit parfaite. Aujourd’hui encore, Darby O’Gill demeure une référence absolue en ce domaine. D’autres visions fantastiques parsèment le métrage, notamment ces ruines noyées dans la brume qui se dressent sur la montagne, cette paroi rocheuse qui s’ouvre pour laisser partir les farfadets et leurs minuscules chevaux, cette mort hurlante qui apparaît au cours du dernier acte (la légendaire « Banshee ») ou ce sinistre fiacre d’outre-tombe qui traverse les cieux nocturnes. En découvrant ce film, le producteur Albert Broccoli se dit que Sean Connery pourrait faire un agent 007 très acceptable. Trois ans plus tard, James Bond contre docteur No lui donna raison.

 

© Gilles Penso


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