LA VALLÉE DE LA MORT (1982)

Un jeune enfant, sa mère et le petit-ami de cette dernière tombent dans les griffes d’un tueur psychopathe en plein désert américain…

DEATH VALLEY

 

1982 – USA

 

Réalisé par Dick Richards

 

Avec Paul Le Mat, Catherine Hicks, Stephen McHattie, Wilford Brimley, Peter Billingsley, Edward Herrmann, Jack O’Leary, Mary Steelsmith, Gina Christian

 

THEMA TUEURS

Au début des années 80, Richard Rothstein n’est pas encore le scénariste d’Universal Soldier ni le créateur de la série Le Voyageur, mais un modeste auteur dont le CV ne comporte que deux films relativement confidentiels : le western Shoot the Sun Down et le film de prison horrifique Electro-choc. L’idée de son scénario suivant lui vient alors qu’il est en vacances avec sa famille et quelques amis dans la Vallée de la mort. Sur une route isolée au milieu de nulle part, il voit surgir une voiture à l’allure sinistre qui met en branle son imagination. Et si ce véhicule mystérieux abritait un homme maléfique semant la destruction sur son passage ? Partant de ce postulat – évoquant évidemment celui de Duel -, Rothstein développe un script qui finira par s’appeler La Vallée de la mort, tout simplement. Ce projet étant susceptible de s’inscrire dans la vogue encore en plein essor du slasher, le studio Universal le produit et le distribue, confiant la mise en scène à Dick Richards. Réalisateur du western La Poussière, la sueur et la poudre, de la comédie Rafferty et les auto-stoppeuses, du polar Adieu ma jolie et de la fresque guerrière Il était une fois la légion, ce dernier est un habile faiseur qui se distingue par son éclectisme. D’ailleurs, notre homme multi-casquette parvient à réaliser La Vallée de la mort tout en produisant la même année la savoureuse comédie Tootsie avec Dustin Hoffman, Bill Murray et Jessica Lange.

La Vallée de la mort prend d’abord les allures d’une petite chronique urbaine. Paul Stanton (Edward Herrmann) et son fils Billy (Peter Billingsley) passent tout le générique de début à flâner dans les rues de New York, profitant d’un dernier moment de bonheur tranquille avant que ce père divorcé ne se sépare de cette petite tête blonde. Billy est en effet envoyé en Californie pour rejoindre sa mère Sally (Catherine Hicks, future héroïne de Jeu d’enfant). Celle-ci a décidé de refaire sa vie avec son ancien amour de lycée Mike, un agent immobilier sympathique mais un peu lourdaud aux allures de cowboy mal dégrossi (Paul Le Mat, gentiment inexpressif). Une poignée de petite saynètes savoureuses permet de capter l’équilibre fragile qui tente de se mettre en place entre cette femme en quête d’une seconde jeunesse, son fiancé taillé d’un bloc et le petit Billy qui peine à trouver sa place. Une scène logiquement héritée de Duel nous annonce alors un danger que seul Billy pressent : une voiture à la carrosserie agressive surgit sur la route désertique, suit celle des protagonistes puis la double, son chauffeur restant invisible. Soudain, la tonalité naturaliste et sobre du film bascule et saute à pieds joints dans les codes du slasher avec une scène de massacre dans un camping-car marchant volontiers sur les pas de la saga Vendredi 13. La situation étant posée, le drame peut commencer.

Il était une proie dans l’ouest

Le cadre du western moderne offre un contexte original qui tranche avec le tout-venant. Lors d’une de ses premières rencontres avec Billy, le tueur adopte d’ailleurs le look d’un cowboy hors-la-loi, cachant son visage avec un foulard et se coiffant d’un large chapeau. Dans cette scène, il troque d’ailleurs ses armes blanches de prédilection contre un bon vieux colt. Hélas cette touche de singularité reste isolée. L’éclectisme du réalisateur Dick Richards aurait pu être un atout, mais c’est visiblement un handicap dans le cas présent. De toute évidence aux commandes d’un genre qu’il maîtrise mal, notre homme multiplie les maladresses, abusant d’une musique exagérément dramatique même lorsqu’il ne se passe rien et étirant en longueur des séquences vaines et embarrassantes (notamment celle où l’enfant regarde d’interminables extraits d’un western tandis que sa baby-sitter boulimique dévore tout ce qu’elle peut). Le fait que la proie soit un enfant aurait pu amplifier les mécanismes de suspense, mais les motivations de l’assassin sont tellement confuses qu’elles amenuisent considérablement les séquences de traque et d’agression. Le tueur n’a rien d’un psychopathe mais agit comme tel, suit un modus operandi qui nous échappe et adopte un comportement n’obéissant à aucune logique. La Vallée de la mort peine donc à convaincre. Le film aura tout de même révélé les talents précoces de Peter Billingsley, qui poursuivra tranquillement sa carrière d’acteur et deviendra par la suite un producteur à succès (Zathura, La Rupture, Iron Man et de nombreuses séries TV).

 

© Gilles Penso


Partagez cet article