THE ARRIVAL (1996)

Un astronome capte un message extra-terrestre et tente d’avertir sa hiérarchie, qui lui met aussitôt des bâtons dans les roues…

THE ARRIVAL

 

1996 – USA

 

Réalisé par David Twohy

 

Avec Charlie Sheen, Ron Silver, Lindsay Crouse, Teri Polo, Richard Schiff, Phyllis Applegate, Alan Coates, Leon Rippy, Buddy Joe Hooker, Javier Morga, Tony T. Johnson

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

David Twohy est un cinéaste d’une folle inventivité dont chacune des œuvres, si inégales soient-elles, suscite une bouffé d’air frais bien agréable. The Arrival est son second long-métrage après Timescape. Entre-temps, notre homme a écrit les scénarios de Critters 2, Warlock, Le Fugitif, Waterworld et Terminal Velocity, preuve de son éclectisme et de sa productivité. C’est à l’occasion de ce dernier film, réalisé par Deran Sarafian, que Twohy collabore avec Charlie Sheen pour lequel il écrit spécifiquement le scénario de The Arrival. Le comédien accepte aussitôt et endosse donc le rôle de Zane Zaminski, un scientifique installé au beau milieu du désert californien sous une immense antenne radar parabolique qui scanne les étoiles. Un jour, il capte un message radio en provenance de l’espace. Tout porte à croire qu’il s’agit d’un langage extra-terrestre. Fasciné et passablement surexcité, Zaminski en réfère aussitôt à sa hiérarchie, en premier lieu Phil Gordian (Ron Silver) qui calme d’abord ses ardeurs, puis le désavoue, et enfin efface les preuves. Visiblement, plusieurs hautes instances sont embarrassées par cette découverte et cherchent à enterrer l’affaire. Zane décide donc de poursuivre son enquête tout seul, au péril de sa vie.

Charlie Sheen excelle sous la défroque de cet homme seul contre tous, à l’écoute des étoiles, déconnecté du reste du monde parce que fasciné jusqu’à l’obsession par l’espace. Ce qui finit par le couper de ses collègues, de sa hiérarchie et même de sa petite amie. En s’appuyant sur ce protagoniste devenu solitaire, The Arrival prend la tournure d’un thriller d’espionnage, avec son lot de paranoïa, de filatures, de regards suspects et de meurtres déguisés en accident… C’est la fameuse mécanique des Trois jours du condor qui, une fois de plus, démontre sa redoutable efficacité. Si ce n’est que passé au filtre inventif de David Twohy, ce motif dramatique prend une tournure excessive, comme le prouvent la scène spectaculaire de l’inondation dans la salle de bains ou ce moment de suspense extrêmement stressant avec les scorpions cachés dans une chambre d’hôtel. Le film est ponctué d’idées visuelles très intéressantes, comme ce jeu avec la marionnette du squelette qui symbolise bien sûr le destin funeste que ne cesse de frôler le héros. Lorsque la science-fiction commence à s’inviter de manière plus frontale dans l’intrigue, nous avons droit à des moments totalement « autres », comme cet homme dont les jambes se plient à l’envers pour lui permettre de sauter au-dessus d’un immeuble, ou cette boule volante qui absorbe l’intégralité du contenu d’une maison.

Rencontres de drôles de types

La seconde partie du film bascule de manière plus ouverte dans la SF pure et décide de jouer la carte de la démonstration. The Arrival déploie alors une large gamme d’effets spéciaux originaux et audacieux, à défaut d’être vraiment convainquants, notamment des extra-terrestres 100% numériques créés par la compagnie Pacific Data Image. C’est sans doute cette partie du film qui a le plus mal vieilli, les images de synthèse n’ayant pas le réalisme nécessaire pour être vraiment crédibles. Twohy aurait sans doute dû jouer la carte de la suggestion – adoptée par Chris Carter et l’équipe de X-Files – au lieu de vouloir trop en montrer. Restent l’abattage irrésistible de Charlie Sheen, la performance parfaite de Ron Silver dans le registre de l’hypocrisie feutrée et plusieurs moments d’humour décalés désopilants (la scène de l’ascenseur). The Arrival aura eu toutes les peines du monde à déplacer les foules, souffrant de toute évidence de la rude concurrence d’Independence Day. Le film de Twohy mettra donc du temps à rembourser son budget de 25 millions de dollars. Ce qui n’empêchera pas la mise en chantier en 1998 d’une suite destinée directement au marché vidéo, L’Invasion finale. David Twohy ne s’impliquera pas dans ce second épisode pour pouvoir se consacrer à son film suivant, Pitch Black.

© Gilles Penso


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