PITCH BLACK (2000)

David Twohy crée un personnage de science-fiction iconique en offrant à Vin Diesel le rôle du monolithique Richard Riddick

PITCH BLACK

2000 – USA

Réalisé par David Twohy

Avec Vin Diesel, Radha Mitchell, Cole Hauser, Keith David, Rhiana Griffith, Claudia Black

THEMA SPACE OPERA I EXTRA-TERRESTRES I FUTUR I SAGA RIDDICK

David Twohy n’a jamais occupé le devant de la scène hollywoodienne. Coscénariste discret du Fugitif, de Waterworld et d’À Armes égales de Ridley Scott, il s’épanouit par ailleurs en tant que réalisateur dans des productions de facture modeste (TimescapeThe Arrival) qu’il s’efforce brillamment de transcender par de petites fulgurances d’écriture et une mise en scène inventive, dans le plus pur respect du genre abordé. Ce genre, c’est systématiquement la science-fiction – que le cinéaste va élire encore une fois, mais d’autre façon, pour son troisième film. Un an avant l’explosion de sa popularité via une autre production plus axée sur la cascade et les grosses cylindrées, Vin Diesel y endosse pour la première fois le débardeur moulant et les lunettes de soudeur ô combien iconiques de Richard Riddick, criminel notoire convoyé à travers l’espace en compagnie d’autres passagers plus respectables, vers une prison de laquelle il ne sortira pas de sitôt… Sauf qu’un accident de vol contraint le vaisseau à se crasher sur une planète désertique, apparemment inhabitée, où le soleil ne se couche jamais mais sur laquelle de mystérieuses créatures guettent dans l’ombre. Jeux de faux-semblants et luttes de pouvoir s’instaurent peu à peu dans le petit groupe de survivants pressés de quitter les lieux tandis que le sanguinaire Riddick, ayant profité de la panique générale pour s’échapper, rôde manifestement autour d’eux…

Limité sans aucun dommage par un budget modeste, Pitch Black s’impose haut-la-main dans le peloton de tête des excellentes surprises du genre qui auraient pu facilement tourner au vinaigre, quelque part entre Mimic et Planète hurlante. Économe, malin, viscéral, grouillant de partis-pris visuels (cadrages déformés, montage heurté, étalonnage monochromatique…) qui dynamisent efficacement un récit plus que linéaire, on sent planer sur le film de Twohy l’ombre du grand John Carpenter, tant dans son efficacité minimaliste que dans le traitement « musclé » de son héroïne intrépide, ou encore la caractérisation en creux du personnage de Riddick – sorte de version body-buildée du Napoléon Wilson d’Assaut ou du Snake Plissken de New York 1997, antihéros revendiqué et néanmoins porteur d’une éthique de la survie qui surpasse toute morale bien-pensante. 

Action généreuse et épouvante pure

Soutenu par une partition très énergique de Graeme Revell, dont les percussions entêtantes accélèrent et ralentissent au gré de la tension des situations, le film trouve non seulement sa pleine puissance dans ce mélange d’action généreuse et d’épouvante pure au sein d’une SF dépouillée, mais pose aussi de façon remarquablement intelligente le problème de la frontière ténue entre « bien » et « mal » à travers presque tous ses protagonistes. En effet, nombre d’entre eux ont un secret jalousement gardé (parfois déterminant pour l’intrigue globale) qui ne manquera pas de se dévoiler au mépris de tout manichéisme simpliste – puisque la définition même des deux mots, et par conséquent leur pertinence, s’en trouve constamment remise en cause. D’abord sorti de façon très confidentielle, puis réinvesti en grandes pompes suite à la notoriété nouvellement acquise de Vin Diesel, Pitch Black a heureusement fini par devenir un film-culte. Désormais appréciée d’un public assez large, l’imposante figure de Riddick (et son univers à peine esquissé) s’est vue déclinée depuis lors sous forme de nouveaux films, et même de jeux vidéo. La franchise Fast & Furious, indirectement, aura au moins eu ce mérite ! 


© Morgan Iadakan

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