LE FANTÔME VIVANT (1933)

Deux ans après sa prestation dans Frankenstein, Boris Karloff incarne un égyptologue vengeur revenu d’entre les morts…

THE GHOUL

 

1933 – GB

 

Réalisé par T. Haynes Hunter

 

Avec Boris Karloff, Cedric Hardwicke, Ernest Thesiger, Dorothy Hyson, Anthony Bushell, Kathleen Harrison, Harold Huth

 

THEMA ZOMBIES

Après son incroyable performance dans Frankenstein, il était normal que Boris Karloff se voie confier toutes sortes de figures monstrueuses, et notamment le rôle d’un mort-vivant, créature voisine du légendaire golem imaginé par Mary Shelley. Il interprète donc ici le professeur Morlant, un égyptologue obsédé par le pouvoir et l’immortalité des dieux de l’antiquité. Sur son lit de mort, alors qu’il exhale ses derniers soupirs, il dicte sa dernière volonté à son serviteur incarné par Ernest Thesinger (futur docteur Pretorius de La Fiancée de Frankenstein) : attacher à sa main un joyau secret nommé « La Lumière Éternelle », et empêcher quiconque de le lui ôter. Si un imprudent désobéit à cet ordre, Morlant promet qu’il sortira de sa tombe pour réclamer vengeance… Mais cette menace ne semble pas inquiéter la majorité du casting du film qui, sitôt le vieil excentrique décédé, va se mettre en tête de récupérer la pierre précieuse. Le Fantôme vivant vire alors au vaudeville d’épouvante, concentré dans sa dernière partie à l’intérieur de la maison de Morlant où chaque protagoniste lutte dans son propre intérêt, tandis que le zombie du professeur vient réclamer vengeance.

Le concept était intéressant, d’autant que le décor tourmenté créé par Alfred Junge (Les Mines du roi Salomon, Jeune et innocent), nimbé d’une photographie très contrastée jouant sur les zones d’ombre et les taches de lumière, se prête fort bien à l’atmosphère gothique qu’inspirait un tel récit. Mais cette production britannique financée par la branche anglaise de Gaumont souffre d’une mise en scène très statique signée T. Haynes Hunter (vétéran du cinéma muet dont ce Fantôme vivant sera l’un des derniers films avant son décès onze ans plus tard) et d’un jeu d’acteurs exagérément théâtral. Si le scénario de Roland Pertwee, John Hastings Turner et Rupert Downing s’inspire librement du roman « The Ghoul » de Frank King, l’une de ses sources d’inspirations majeure semble être La Momie de Karl Freund, où Karloff jouait déjà un « cadavre vivant » lié à l’Égypte antique.

D’entre les morts

Le film ne décolle qu’en de rares instants, à chaque apparition d’un Boris Karloff d’outre-tombe au visage en partie décomposé, au regard vitreux et au teint blafard. Très efficace, ce maquillage est l’œuvre de l’artiste allemand Heinrich Heitfeld. Hélas, ce mort-vivant féru d’égyptologie n’exerce qu’une molle vengeance dans son entourage, se contentant la plupart du temps d’effrayer les hommes et de faire crier les femmes. D’autant que le scénario juge utile de nous proposer finalement une explication rationnelle forcément décevante, avant l’incontournable incendie purificateur devenu l’un des lieux communs du genre. Karloff interprètera par la suite des zombies vengeurs bien plus mémorables, notamment dans Le Mort qui marche et The Man they Could not Hang. Le Fantôme vivant faillit bien disparaître corps et bien dans les limbes de l’oubli lorsque toutes les copies du film disparurent… Jusqu’à la découverte d’un exemplaire intact en 1969, qui permit aux cinéphiles de visionner enfin cette œuvre finalement assez anecdotique.

 

© Gilles Penso


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