LES MILLE ET UNE NUITS (2000)

Un ambitieux téléfilm britannique aux grandes ambitions mais aux choix artistiques souvent discutables…

ARABIAN NIGHTS

 

2000 – GB

 

Réalisé par Steve Barron

 

Avec Mili Avital, Alan Bates, James Frain, Tchéky Karyo, Jason Scott Lee, John Leguizamo, Vanessa Mae, Dougray Scott

 

THEMA MILLE ET UNE NUITS

Après la mythologie grecque (Jason et les Argonautes), les contes de fée (Alice au pays des merveilles), les classiques de la littérature pour la jeunesse (20 000 lieues sous les mers, Les Voyages de Gulliver), la science-fiction (Dune, Dinotopia) et la bible (Au commencement), les studios britanniques Hallmark ne pouvaient décemment passer à côté des Mille et Une Nuits. Ce sont donc les contes arabes qui servent d’inspiration à ce luxueux téléfilm dirigé par Steve Barron (Electric Dreams, Les Tortues Ninja). Malheureusement, ces Mille et une nuits sont entravées par une mise en scène anonyme, un casting qui laisse parfois dubitatif (Aladin le Perse est devenu chinois sous les traits de Jason Scott Lee !), des effets spéciaux qui ont rarement les moyens de leurs ambitions et surtout un scénario convenu structuré selon le principe du film à sketches. Cette dernière faiblesse est d’autant plus flagrante que l’objet même du film est l’art de raconter une histoire, le besoin de captiver son auditoire dès les premières minutes et le secret qui empêche le public de deviner la suite du récit. Car ici, la vie de Shéhérazade (Mili Avital) dépend justement de l’intérêt et de l’originalité de sa narration.

Il faut croire que le Sultan Schariar (Dougray Scott) qui l’écoute patiemment est plutôt bon public, puisqu’il se laisse bercer sans rechigner, reportant sans cesse la mort de sa jeune épouse qu’il avait pourtant programmée le lendemain de ses noces. Le pauvre homme en veut en effet terriblement à la gent féminine depuis que sa dernière femme en date l’a trompé avec son propre frère. La belle conteuse le transporte donc de conte en conte : « Ali Baba et les quarante voleurs », « Le Bossu », « Aladin et la lampe merveilleuse », « Le Dormeur éveillé » et « Prince Ahmed ». Bien plus sympathique que dans le texte initial, où il agissait en véritable Barbe Bleue sanguinaire, notre bon sultan n’est ici qu’une victime tourmentée par le fantôme de celle qu’il tua jadis par accident.

Télé féerique

Les séquences de pure féerie abondent certes tout au long de ces trois heures formatées pour le petit écran, mais après des splendeurs sur pellicules telles que Le Voleur de Bagdad des frères Korda ou Le 7ème voyage de Sinbad de Nathan Juran, les effets visuels 100% numériques conjointement créés par Medialab, Framestore et l’atelier Jim Henson font souvent pâle figure. Avouons que les interventions du gigantesque Djinn interprété par John Leguizamo, l’apparition du gouffre où réside la lampe merveilleuse ou l’ouverture de la caverne d’Ali Baba sont tout à fait impressionnants. Mais les deux dragons qui gardent le trésor des quarante voleurs, les poursuites en tapis volant, le démon géant du générique de début ou le combat des sorciers qui se transforment en animaux comme dans le Merlin l’enchanteur de Disney sont en revanche loin de nous convaincre. Ces Mille et une nuits laissent donc un goût d’inachevé. Reconnaissons tout de même au film des dialogues souvent savoureux et une reconstitution historique grandiose, ornée de costumes somptueux, de décors superbes et d’extérieurs de toute beauté captés notamment au Maroc, en Jordanie et en Turquie.

 

© Gilles Penso


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