L’HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X (1963)

Un scientifique conçoit un collyre spécial censé élargir son champ de vision, mais les conséquences seront catastrophiques…

X : THE MAN WITH THE X-RAY EYES

 

1963 – USA

 

Réalisé par Roger Corman

 

Avec Ray Milland, Diana Van der Vlis, Harold J. Stone, John Hoyt, Don Rickles, Dick Miller, Morris Ankrum, John Dierkes

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE

Connu pour développer des concepts audacieux pour des budgets extrêmement modestes, Roger Corman ne démérite pas avec cette étrange fable de science-fiction dont le coût global est estimé à 250 000 dollars. Le docteur du titre, sans rapport avec ceux de Michael Curtiz (Dr X) et Vincent Sherman (The Return of Dr X), est un chirurgien renommé du nom de James Xavier. Un an après L’Enterré vivant où il officiait déjà sous l’égide de Corman, Ray Milland interprète ce médecin passionné avec son inimitable charisme. C’est d’ailleurs Ray Russell, scénariste du même Enterré vivant, qui signe l’écriture de L’Horrible cas du docteur X avec Robert Dillon, d’après une histoire dont il est l’auteur et qui n’est pas sans évoquer le roman « Le Grand Dieu Pan » écrit en 1890 par Arthur Machen. Persuadé que l’œil humain ne perçoit que 10% de l’univers qui l’entoure, Xavier a mis au point un collyre spécial censé élargir notre champ de vision. Son premier cobaye est un singe, qui meurt aussitôt d’une attaque, comme s’il avait été terrifié par ce qu’il avait vu. Pas démonté pour autant, Xavier teste le produit sur lui-même.

Dans un premier temps, les conséquences de l’expérience sont plutôt récréatives, puisqu’il s’avère capable de voir à travers les vêtements. D’où cette scène cocasse où il déshabille littéralement du regard les jeunes filles qui se trémoussent dans une soirée où le twist est roi. Et comme Roger Corman était encore pudique, en ces jeunes années 60, il s’arrange pour que sa caméra ne cadre que les épaules ou les jambes de ses comédiennes. Le nouveau pouvoir du docteur X lui permet aussi, plus utilement, de voir sous la peau de ses patients et de diagnostiquer sans erreur la source de leurs maux. Mais à la suite d’une violente dispute avec un de ses collègues, il provoque accidentellement sa mort, et se retrouve traqué par la police. Il tombe alors bien bas, échouant dans une fête foraine où il donne en spectacle ses dons de « voyance », puis montant un cabinet improvisé de guérisseur, avant de partir faire fortune à Las Vegas grâce à sa capacité à voir à travers les cartes.

Les yeux du professeur Xavier

Mais Xavier va bientôt payer pour son imprudence. La police finit par le retrouver et le film, jusqu’alors minimaliste, se paye une course-poursuite efficace avec survol d’hélicoptère et cascades automobiles, jusqu’à ce que Xavier ne cause lui-même sa propre perte. Réfugié dans une église, il avoue à un prêtre les tourments que provoque son nouveau regard. « Je suis venu vous dire ce que je vois », affirme-t-il. « Il y a de grandes ténèbres. Plus loin que le temps lui-même. Et au-delà de ces ténèbres, une lumière qui brille, change… Et au centre de l’univers, l’œil qui nous voit tous… Non !!! » Face à cette étrange confession, le prêtre rétorque : « Vous voyez le péché et le diable ! Mais le Seigneur nous a enseigné quoi faire dans ce cas. Comme le dit Mathieu dans le chapitre cinq, si ton œil t’offense, arrache-le ! » L’Horrible cas du docteur X s’achève ainsi sur le regard fou et noir de Ray Milland, dans un de ses rôles les plus « habités » et les plus torturés.

 

© Gilles Penso


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