CUBE 2 : HYPERCUBE (2002)

Le succès surprise du premier long-métrage de Vincenzo Natali engendra inévitablement cette suite parfaitement facultative…

HYPERCUBE : CUBE 2

 

2002 – USA

 

Réalisé par Andrzej Sekula

 

Avec Kari Matchett, Geraint Wyn Davies, Grace Lynn Kung, Matthew Ferguson, Neil Crone, Barbara Gordon, Lindsey Connell, Greer Kent, Bruce Gray

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE

La fin ouverte de Cube laissait planer mille hypothèses, d’où cette séquelle conçue principalement pour tirer parti du succès inespéré du film de Vincenzo Natali. Car si son scénario fait mine d’éclaircir quelque peu le mystère de l’impitoyable prison à géométrie variable, Cube 2 est avant tout un remake appauvri du premier opus dont il s’efforce maladroitement de retrouver la recette miracle. Nous faisons ainsi connaissance avec huit nouveaux captifs qui ne se connaissent pas et se réveillent avec stupeur dans le cube : un ingénieur, une psychothérapeute, une retraitée sénile, une étudiante aveugle, un détective privé, une jeune avocate, un concepteur de jeux vidéo et un employé du Pentagone. Contrairement aux infortunés protagonistes du film précédent, ceux-ci semblent tous avoir un lien étroit avec le lieu dans lequel ils sont incarcérés, et leur kidnapping ne semble pas dû au hasard. Quelques brefs flash-backs nous laissent d’ailleurs entrevoir certains des prisonniers avant leur enlèvement, surveillés par des caméras vidéo, tandis que des scientifiques en blouse blanche semblent s’affairer sur de mystérieuses recherches. Peu à peu, tout semble converger vers un génie du piratage informatique nommé Alex Trusk et vers un consortium spécialisé dans l’armement dernier cri.

Au-delà de cet effacement du caractère aléatoire des captifs, l’autre grosse différence avec le film précédent réside dans le fait que le cube qui retient prisonnier nos huit héros n’est pas en trois mais en quatre dimensions, d’où le sous-titre « hypercube ». Nous nageons donc en plein paradoxe spatio-temporel : les événements se répètent, les univers parallèles s’entrechoquent, les différentes pièces ne sont pas soumises aux mêmes lois d’attraction ou aux mêmes vitesses d’écoulement du temps. Pour pouvoir échapper à cette prison d’un nouveau genre, chacun va devoir essayer de comprendre les raisons de sa présence dans le cube tout en cherchant à percer le mystère du nombre 60759 qui apparaît régulièrement sur les parois et qui pourrait bien être un code d’accès vers la liberté…

Le nombre mystérieux

Le plus gros handicap de cette séquelle est lié à l’intangibilité de la menace qui pèse sur les captifs. En lieu et place des redoutables pièges imaginés par Vincenzo Natali, nous n’avons droit ici qu’à des formes géométriques en image de synthèse (à peine plus élaborées que celles de Tron réalisé pourtant vingt ans plus tôt !) qui surgissent au gré d’un scénario erratique et désintègrent ceux qui les touchent. Difficile de s’émouvoir face à un danger si peu palpable. Les personnages eux-mêmes, construits d’un seul bloc et exempts de la moindre finesse, constituent l’autre énorme faiblesse du film. Les « gentils » le sont jusqu’au bout, les psychopathes se révèlent d’emblée, et à part un petit coup de théâtre absolument pas crédible, aucun d’entre eux ne réserve la moindre surprise. D’autant que les comédiens ne semblent jamais vraiment croire à la situation, adoptant parfois une décontraction déplacée, voire des comportements incohérents (la scène d’amour, à ce titre, vaut son pesant de cacahouètes). Cube 2 cumule ainsi bon nombre de maladresses et de frustrations, cette sensation étant renforcée par un dénouement incompréhensible censé pourtant nous donner les clefs du mystère.

 

© Gilles Penso


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