FRANKENSTEIN VS. THE MUMMY (2015)

Un an avant Terrifier, Damien Leone ressuscitait deux monstres classiques pour orchestrer un affrontement légendaire ultra-violent…

FRANKENSTEIN VS. THE MUMMY

 

2015 – USA

 

Réalisé par Damien Leone

 

Avec Acteurs

 

THEMA FRANKENSTEIN I MOMIES

Damien Leone est un véritable couteau suisse. Scénariste, réalisateur, monteur, créateur d’effets spéciaux, il fait ses premières armes avec deux courts-métrages, The 9th Circle et Terrifier, qui mettent en scène sa création la plus célèbre : Art le clown. Il passe en douceur au format long avec All Hallow’s Eve, un film à sketches qui reprend ses deux courts précédents et en intègre un troisième inédit. Avant de transformer son clown psychopathe en superstar avec les longs-métrages Terrifier et Terrifier 2, Leone s’attache à deux monstres du répertoire classique qui ne s’étaient jamais affrontés à l’écran malgré la propension au crossover développée dans les années 40 par le studio Universal : le monstre de Frankenstein et la momie. Malgré un budget réduit à sa plus simple expression, une équipe réduite et un nombre limité de décors, le jeune cinéaste voit grand. Son ambition : moderniser les deux créatures en les relookant et les faire agir au sein d’un film d’horreur brutal au premier degré peu avare en effets sanglants. Rien à voir donc avec les délires semi-parodiques de Freddy contre Jason par exemple. Leone prend son sujet très au sérieux et espère que les spectateurs en feront autant.

Le jeune Victor Frankenstein (Max Rhyser) est professeur de médecine dans une université américaine. Chaque soir, après avoir prodigué ses cours aux étudiants, il se réfugie dans son petit laboratoire secret où il crée un être humain à partir de morceaux de cadavres cousus entre eux, dans l’espoir de le ramener à la vie. Sa petite amie Nailha Khalil (Ashton Leigh) enseigne dans le même établissement. Elle vient de rapporter d’un voyage à Gizeh une momie vieille de trois mille ans dans un état de conservation remarquable. Il s’agit du roi égyptien Usercare de la sixième dynastie. Selon la légende, son âme serait encore prisonnière de son corps, maudite pour l’éternité. Or la momie s’éveille soudain après avoir laissé échapper de son corps un gaz inconnu et avoir possédé l’un des professeurs. De son côté, Victor parvient à réveiller sa création en la soumettant à un courant électrique, non sans avoir poussé la légendaire exclamation chère à tout apprenti-sorcier qui se respecte : « it’s alive ! ». Mais le cerveau de la créature est celui d’un assassin sans scrupule. Comme le titre du film l’annonce sans détour, les deux monstres vont finir par s’affronter…

« It’s alive ! »

Frankenstein vs the Mummy souffre d’un casting sans éclat. Le Frankenstein juvénile incarné par Max Rhyser n’a pas beaucoup de charisme et les seconds rôles (notamment le récupérateur de cadavres Carter et le vieux professeur Walton) surjouent sans finesse. Seule Ashton Leigh tire son épingle du jeu, sans avoir pour autant grand-chose à défendre. Pour être honnête, le film aurait gagné à être délesté d’une bonne demi-heure. Son intrigue filiforme ne méritait pas de s’étendre sur deux heures de métrage, Damien Leone tirant à la ligne avec de longs dialogues un peu creux où les héros philosophent à tout va (Dieu, la vie, la mort) ou se déclarent leur flamme langoureusement. La pauvreté des décors et de la bande originale synthétique n’aident pas. Mais Leone est un enthousiaste, et sa ferveur devient vite communicative. Certes, le relooking de son monstre de Frankenstein peut laisser perplexe : chevelu, le blouson en cuir sur les épaules, la clope au bec, il brise les standards établis depuis des décennies. Mais le scénario justifie cette attitude, et Leone s’inspire largement des célèbres dessins de Bernie Wrighston pour le faciès de sa créature, volontairement éloignée du design Universal sous copyright. La momie elle-même a beaucoup d’allure, et il faut saluer la qualité des effets spéciaux de maquillage, bricolés dans des conditions précaires. Plusieurs scènes de meurtres et de mutilations annoncent d’ailleurs les excès ultra-gore des deux Terrifier. Dommage tout de même que ces monstres ne suscitent aucune empathie, contrairement à leurs modèles incarnés jadis par Boris Karloff (le monstre de Frankenstein possède le cerveau d’un sale type libidineux et la momie est un ancien tyran sanguinaire) et que leur combat ne dure que trois minutes en fin de métrage. Il y a légitimement de quoi être frustré.

 

© Gilles Penso


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