LE VAMPIRE ET LE SANG DES VIERGES (1967)

L’Allemagne nous livre ce conte d’horreur gothique très librement inspiré des écrits d’Edgar Poe, avec Christopher Lee en comte sanglant…

DIE SCHLANGENGRUBE UND DAS PENDEL

 

1967 – ALLEMAGNE

 

Réalisé par Harald Reinl

 

Avec Christopher Lee, Lex Barker, Karin Dor, Carl Lange, Christiane Lücker, Vladimir Medar, Dieter Eppler

 

THEMA VAMPIRES

Vétéran du cinéma d’aventure allemand, Harald Reinl réunit deux de ses comédiens fétiche, Karin Dor (la Brunehilde de La Vengeance de Siegfried) et Lex Barker (ex-Tarzan qu’il dirigea dans la trilogie Winnetou) autour du Vampire et le sang des vierges, un conte d’horreur en costume qui s’inscrit dans la vogue des productions Hammer, des films gothiques italiens et des adaptations d’Edgar Poe signées Roger Corman. L’auteur des « Histoires extraordinaires » sert d’ailleurs d’alibi littéraire à ce long-métrage dont le titre original reprend celui du « Puits et du Pendule ». Pourtant, à l’exception des deux fameux instruments de torture imaginés par le romancier (une hallebarde géante qui oscille en se rapprochant d’un prisonnier attaché et un trou béant dans lequel une captive risque de se précipiter), mis en scène à la toute fin du film, Le Vampire et le sang des vierges n’a pas grand-chose à voir avec Edgar Poe.

Nous sommes au 18ème siècle. Le comte Frederik Regula (Christopher Lee) est accusé d’avoir torturé et assassiné douze jeunes filles dans son château. En conséquence, il se voit apposer un masque métallique hérissé de pointes, en tout point semblable à celui que portait Barbara Steele dans Le Masque du démon, avant d’être écartelé sur la place publique. Trente-cinq ans plus tard, l’avocat Roger Mont Elise (Lex Barker), fils du juge de Regula, et la baronne Lilian Von Brabant (Karin Dor), fille d’une victime qui l’avait dénoncé, sont convoqués par le défunt comte lui-même, comme semble l’attester le seau authentique apposé sur les courriers qui leur sont adressés. S’agit-il d’une supercherie ? Pour en avoir le cœur net, tous deux, accompagnés d’un prêtre volubile et d’une suivante, entament un long trajet semé d’embûches.

« Le mystère de la vie éternelle se trouve dans le sang »

Ce parcours initiatique porte les stigmates des nombreux westerns d’influence italienne qu’Harald Reinl dirigea par le passé, comme en témoignent ces visages patibulaires cadrés en gros plans, ces poursuites à cheval ou cette musiques mi-classique mi-pop. Le film se distingue par la beauté lugubre de ses décors, dont la photogénie n’a rien à envier à Mario Bava ou Antonio Margheriti : forêt infestée de corbeaux et de cadavres pendus comme autant de grappes de fruits morbides, château truffé de pièges à la Fu Manchu, de fresques effrayantes, de corps féminin suppliciés, de crânes humains… Christopher Lee, quant à lui, sait se faire désirer. Après sa brève apparition dans le prologue, il ne revient qu’au bout d’une heure, ressuscité par le sang d’un fidèle serviteur. « Le mystère de la vie éternelle se trouve dans le sang, qui est non seulement l’essence de la vie mais la quintessence de la survie », affirme-t-il. Ici, le vampirisme se prive des atours traditionnels de la cape noire et des canines acérées au profit d’une approche plus sadienne, ce qui n’empêche pas le crucifix de s’affirmer comme le rempart ultime face au mal. Un bestiaire répugnant (rats, araignées, scorpions, serpents) et des trucages naïvement macabres (la stop-motion qui visualise la décomposition des corps) parachèvent ce spectacle généreux aux allures de véritable catalogue horrifico-gothique.

 

© Gilles Penso


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